Au Togo, la Fédération Nationale des Groupements de Producteurs de Coton (FNGPC COOP-CA) est en colère contre le géant singapourien OLAM. Devant la presse samedi à Lomé, ses membres ont dénoncé la mauvaise gestion du secteur par le groupe OLAM, l’accusant d’abus de pouvoir, de montages financiers douteux et de rapatriements illicites des fonds de la Nouvelle Société Cotonnière du Togo (NSCT).
En effet, selon ces producteurs, bien avant l’arrivée du groupe OLAM, un comité composé de producteurs, de l’État et de tous les actionnaires déterminait ensemble la date de vente du coton fibre, en choisissant le moment où le prix de vente était le plus élevé. Mais depuis que cette entreprise renommée de Singapour est devenue partenaire, ce comité a été dissous. OLAM est devenue la seule à avoir l’exclusivité de l’achat du coton grain et, au moment de la vente du coton fibre, le groupe, par ses filiales, rachète la fibre pour la revendre seul. « Le groupe OLAM a le droit d’acheter jusqu’à 60 % de coton fibre par droit de veto sur toute la fibre produite, et les 40 % restants peuvent être laissés aux autres fournisseurs. C’est encore OLAM qui les vend », a dénoncé Koussouwe Kouroufei, PCA FNGPC COOP-CA.
Ce géant singapourien a finalement pris le contrôle total du secteur, reléguant la FNGPC au second plan. Même les commandes des intrants ne se font plus par le biais de la fédération. Aujourd’hui, c’est OLAM qui a l’exclusivité des acquisitions des intrants, ce qui fait que les producteurs ne maîtrisent plus le processus des marchés publics. En 2024, le groupe OLAM-Agri, une filiale d’OLAM, a vendu les engrais aux cotonculteurs togolais selon ses propres normes et a imposé ses prix sur le marché.
Le comble dans cette histoire, c’est que depuis que ce groupe a confisqué toutes les structures de gestion du secteur, les rendements n’ont cessé de baisser au fil des années. Par exemple, la production, qui était de 110 000 tonnes pour la campagne 2019-2020, a chuté à 68 000 tonnes en 2020-2021. La campagne suivante a encore diminué à 56 000 tonnes, et la plus récente, celle de 2023-2024, s’est limitée à 67 700 tonnes.
Face à cette situation désastreuse, ces producteurs demandent le départ du groupe singapourien. « Non, la gestion du secteur par OLAM relève tout simplement d’une malversation. Ce groupe nous trompe. Nous sommes déçus et réclamons le départ d’OLAM », a poursuivi Koussouwe Kouroufei.