À l’approche du 80ᵉ anniversaire du massacre de Thiaroye, le président sénégalais Bassirou Diomaye Faye a déclaré jeudi à l’AFP que la France devrait fermer ses bases militaires au Sénégal.
Le chef de l’État a salué la reconnaissance par le président français Emmanuel Macron de la responsabilité de la France dans le « massacre » de soldats sénégalais en 1944, tout en soulignant que la présence de bases militaires étrangères était incompatible avec la souveraineté nationale.
« Le Sénégal est un pays indépendant, un pays souverain, et la souveraineté ne s’accommode pas de la présence de bases militaires sur son territoire », a affirmé Faye lors d’une interview au palais présidentiel.
Un Sénégal en quête d’autonomie , et non de rupture avec la France
Élu en mars dernier sur une promesse de réaffirmer la souveraineté sénégalaise et de réduire la dépendance envers les puissances étrangères, Faye a toutefois précisé que cette position ne signifiait pas une « rupture » avec la France.
« La présence militaire ou son absence ne doit pas être synonyme de rupture », a-t-il ajouté, citant les relations entre le Sénégal et des pays comme la Chine, la Turquie, les États-Unis ou l’Arabie saoudite. « Aucun de ces pays n’a de base militaire au Sénégal », a-t-il rappelé.
« Aujourd’hui, la Chine est notre premier partenaire commercial, en termes d’investissements et d’échanges. Est-ce que la Chine a une présence militaire au Sénégal ? Non. Est-ce que pour autant, nous parlons de rupture ? Non », a-t-il insisté.
Selon des sources gouvernementales françaises, Paris envisage de réduire sa présence militaire en Afrique. Au Sénégal, le contingent pourrait passer de 350 à 100 soldats, avec des réductions similaires prévues au Gabon, au Tchad et en Côte d’Ivoire. Cependant, le président sénégalais a été clair dans sa demande : il ne s’agit pas d’une simple réduction, mais d’un départ total.
« Est-ce qu’en tant que Français, vous envisagez de voir des militaires sénégalais en France, avec des chars et des tenues sénégalaises ? », a-t-il interrogé. « La France a esclavagisé, colonisé, et elle restée », a ajouté le jeune président avec véhémence.
Lors de l’interview, le président Faye a également révélé avoir reçu une lettre d’Emmanuel Macron reconnaissant la responsabilité française dans le massacre de Thiaroye. Cet événement tragique du 1ᵉʳ décembre 1944 a vu des soldats africains, anciens prisonniers de guerre rapatriés, être tués par l’armée française après avoir protesté contre des retards dans le paiement de leur solde.