Au Togo, le calme avant la tempête ?

Tikpi Atchadam, président du Parti National Panafricain (PNP), actuellement en exil, a appelé à une journée de deuil national le 13 janvier 2025. Cette date marque l’anniversaire de l’assassinat de Sylvanus Olympio, premier président du Togo, en 1963. Atchadam souhaite que cette journée serve à honorer la mémoire d’Olympio et à attirer l’attention sur la lutte pacifique qu’il compte raviver et visant à obtenir le départ du président actuel, Faure Gnassingbé.

Dans un message diffusé sur les réseaux sociaux, Atchadam a déclaré qu’il’« appelle comme toujours à un alignement derrière un objectif primordial, qui n’est autre que le départ de Gnassingbé Faure. » Il considère cette journée de deuil comme « le repli de l’océan avant le Tsunami, le silence, le calme avant la tempête », destinée à attirer l’attention de l’Afrique et du monde sur un mouvement pacifique imminent.

Depuis son exil, Tikpi Atchadam continue de mobiliser ses partisans et de critiquer le régime en place. En août 2024, il avait déjà lancé un appel à la révolte contre la Ve République de Faure Gnassingbé, qualifiant la récente transition du Togo de « coup d’État constitutionnel ».

Cette déclaration fait écho à son rôle en 2017, lorsqu’il avait émergé comme une figure centrale de l’opposition togolaise en organisant des manifestations massives contre le régime du président Faure Gnassingbé, réclamant des réformes constitutionnelles et la limitation du nombre de mandats présidentiels. Son charisme et sa capacité à mobiliser les foules avaient alors redonné espoir à de nombreux Togolais en quête d’alternance politique.

Cependant, depuis son exil en 2017, Atchadam est resté discret, communiquant principalement via des messages diffusés sur les réseaux sociaux. Son appel à une journée de deuil national et ses métaphores suggérant une mobilisation imminente indiquent qu’il cherche à raviver la contestation populaire contre le régime en place, en misant sur une stratégie de mobilisation pacifique pour provoquer un changement politique au Togo.

Le 13 janvier est une date symbolique au Togo, commémorant l’assassinat de Sylvanus Olympio, événement qui avait conduit à l’ascension au pouvoir de Gnassingbé Eyadéma, père de l’actuel président. Atchadam espère que cette journée de deuil national renforcera la mobilisation pacifique pour exiger un changement de régime.

Faure en fort

Depuis son accession à la présidence du Togo en 2005, Faure Gnassingbé a été confronté à des contestations persistantes. Les élections présidentielles de 2010, 2015 et 2020 ont été marquées par des accusations de fraude et d’irrégularités, entraînant des manifestations réprimées dans le sang et des tensions politiques.

En mai 2024, une nouvelle constitution a été promulguée, introduisant un régime parlementaire et créant le poste de président du conseil des ministres, doté de pouvoirs étendus. Cette réforme est perçue par l’opposition comme une manœuvre pour permettre à Faure Gnassingbé de prolonger son règne au-delà des limites précédemment établies.

Des mouvements tels que « Touche pas à ma Constitution » ont émergé, dénonçant une « monarchisation » du pouvoir et organisant des manifestations pour contester ces changements. Les forces de sécurité ont été accusées de réprimer violemment les manifestations, avec des arrestations arbitraires et des restrictions des libertés publiques.

La famille Gnassingbé est au pouvoir depuis 1967, ce qui suscite des critiques sur l’absence d’alternance démocratique et la concentration du pouvoir. Ces contestations sont donc le signe d’une opposition persistante à la gouvernance de Faure Gnassingbé, avec des appels récurrents à des réformes démocratiques et à une alternance politique au Togo.

Qui est Tikpi Atchadam ?

Tikpi Salifou Atchadam, né en 1967 à Kparatao dans la préfecture de Tchaoudjo, est un homme politique togolais et juriste de formation. Il est le fondateur et président du Parti National Panafricain (PNP), créé le 19 avril 2014.

Avant de s’engager pleinement en politique, Atchadam a occupé plusieurs postes dans l’administration publique togolaise. Il a été secrétaire général de la préfecture de Tchaoudjo de 1995 à 1996, puis membre de la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI) de 2000 à 2002, où il a servi en tant que rapporteur de la commission chargée de la communication.

En août 2017, Atchadam a émergé comme une figure centrale de l’opposition togolaise en organisant des manifestations massives contre le régime du président Faure Gnassingbé, réclamant des réformes constitutionnelles et la limitation du nombre de mandats présidentiels. Son charisme et sa capacité à mobiliser les foules, notamment au sein de la communauté Tem et des musulmans du nord du pays, ont renforcé sa notoriété sur la scène politique nationale.

Craignant pour sa sécurité en raison de son opposition au régime en place, Atchadam est entré en clandestinité en octobre 2017 et aurait trouvé refuge au Ghana. Depuis son exil, il continue de communiquer avec ses partisans via des messages vocaux diffusés sur des plateformes comme WhatsApp, maintenant ainsi son influence politique malgré son absence physique du territoire togolais.

En janvier 2025, Atchadam a appelé à une journée de deuil national le 13 janvier, date anniversaire de l’assassinat de Sylvanus Olympio, premier président du Togo, en 1963. Cet appel vise à honorer la mémoire d’Olympio et à attirer l’attention sur la lutte pacifique pour le départ du président actuel, Faure Gnassingbé.

Paul Arnaud DEGUENON

Source : Béninwebtv

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