Le candidat Togo poursuit ses tractations pour son adhésion au Commonwealth. Une délégation de cette organisation séjourne au Togo. D’ores et déjà, on peut dire sans se tromper que le Togo est loin de répondre aux critères, surtout en ce qui concerne les droits de l’homme et la bonne gouvernance.
Une mission du Commonwealth séjourne à Lomé dans le cadre de l’évaluation de la candidature du Togo pour son adhésion à cette organisation. La délégation a à son agenda de nombreuses rencontres avec toutes les composantes de la nation, notamment les institutions de la République, le corps diplomatique des Etats membres de Commonwealth, la société civile, les médias et les partis politiques. Mardi, une rencontre à huis clos a eu lieu avec les membres de la Haute autorité de l’audiovisuel et de la communication (HAAC). D’autres institutions telles que la Cour Constitutionnelle, la Commission nationale des droits de l’Homme (CNDH), la Commission électorale nationale indépendante (CENI), la Cour des comptes, la Haute autorité de prévention et de lutte contre la corruption et les infractions assimilées (HAPLUCIA)… vont s’entretenir avec la délégation.
Cette mission du Commonwealth est la troisième du genre après celles de 2014 et 2017. Certainement, du côté du pouvoir, on croise les doigts pour que ce soit la dernière. Un vœu pieux quand on connaît la situation sociopolitique du pays. Déjà, pour adhérer à cette organisation d’obédience britannique, il faut remplir certaines conditions qui n’existent pas encore au Togo. L’un des critères les plus importants est d’accepter les principes énoncés dans la charte de l’organisation. Parmi ces principes, la démocratie, le respect des droits de l’homme, la bonne gouvernance, la liberté d’expression, la séparation des pouvoirs, etc. Sur ces deux tableaux, le Togo a du souci à se faire. L’autoritarisme du régime de Faure Gnassingbé est le maillon faible de la candidature notre pays au Commonwealth.
Pour se faire une idée de cette situation, rien de plus convaincant que de fouiller dans le passé, même récent, des institutions de la République. La HAAC censée protéger la liberté de presse est devenue le prédateur des journalistes au point qu’elle a été surnommée la « HAAChe ». Elle sanctionne plus qu’elle ne régule. Sur les dix dernières années, elle a réussi la prouesse de fermer radios, télévisions et journaux, infligeant de lourdes sanctions, à la demande. Notre journal en a fait l’amère expérience en avril 2020 pour avoir écrit un article critique sur l’ambassadeur de France d’alors qui a saisi l’autorité pour se plaindre et indiquer la sanction à appliquer.
La CENI symbolise à elle seule les catastrophes démocratiques que connait le Togo. Depuis le parti unique jusqu’à la dernière élection présidentielle, le vainqueur est toujours connu d’avance. En organisant les élections, le régime en place s’assure de toujours les « remporter », peu importe ce qui ressort des urnes. Pour le pouvoir, on n’organise pas une élection pour la perdre, même s’il faut passer dans le sang de ses concitoyens. Côté finances, la Cour des comptes est silencieuse depuis des années. Quant à la Haplucia, elle n’a jamais fait peur aux corrompus. Depuis son installation, sa grande « réalisation » se résume à des excuses publiques présentées à la suite de la publication d’un rapport accablant pour magistrats, ministres et forces de l’ordre.
Pour couronner tout ce marécage qui empêche toute initiative démocratique, un régime cinquantenaire des Gnassingbé. En effet, cela fait déjà 54 ans qu’une seule famille règne sur le Togo, et de la pire des manières. La corruption y est galopante, les violations des droits de l’homme une habitude, la privatisation des sociétés d’Etat un mode, dans un contexte de paupérisation avancée des populations.
Alors que le pays fait des pieds et des mains pour adhérer au Commonwealth, rien ne se passe sur le plan des réformes constitutionnelles et institutionnelles tendant à mettre le pays sur les rails de la démocratie. Il reste encore un long parcours au Togo pour satisfaire aux critères d’adhésion au Commonwealth.
G.A
Source : Liberté / libertetogo.info