Située dans le sud du pays, Maradi est la troisième plus grande ville du Niger. Considérée comme la capitale économique, la ville fait face à des chocs récurrents dus à la pauvreté et au changement climatique. La situation socioéconomique de ses habitants s’est dégradée au cours des dix dernières années en raison de la violence et de l’insécurité, qui exposent davantage les familles aux risques alimentaire et nutritionnel.
Pour les autorités nigériennes, améliorer la résilience des habitants de Maradi est devenue une priorité. Soutenu par la Banque africaine de développement, le gouvernement a fait le pari de réintroduire le « habbanaye », un système traditionnel de solidarité répandu dans le Sahel qui consiste à constituer le capital productif d’un cheptel pour les membres d’une communauté. Des animaux adultes sont prêtés à des membres de sa famille, des amis ou connaissances en situation précaire. La famille, qui les reçoit, en assume la responsabilité jusqu’au sevrage d’une nouvelle génération. Les animaux prêtés sont ensuite rendus au propriétaire, la famille bénéficiaire conservant la descendance. Ce système permet, notamment aux femmes, de constituer un capital de base et de promouvoir les productions animales comme le lait et le beurre. La chèvre constitue, dans ce système, un bien productif crucial et représente une ressource importante pour renforcer l’autonomie financière et la sécurité alimentaire et nutritionnelle des familles.
De 2012 à 2019, avec l’appui de la Banque, plus de 14 400 chèvres rousses ont été distribuées à Maradi et dans ses environs sous le système « habbanaye ». Nafissa Chitou, une jeune mère de trois enfants, a reçu trois chèvres et un bouc en 2019. En moins de deux ans, elle a déjà pu donner une chèvre et un bouc à sa voisine, lui permettant à son tour de commencer à se constituer son propre cheptel.
« Nous consommons le lait et le beurre de chèvre produits tous les jours, explique la jeune femme. Mes enfants aiment beaucoup ce lait qui, en plus, est très nutritif. Si j’ai besoin d’un revenu supplémentaire, je peux vendre une de mes bêtes à mes voisins ou au marché. »
Dans le cadre du projet de mobilisation des eaux pour le renforcement de la sécurité alimentaire, Nafissa Chitou a pu bénéficier d’une formation de quatre mois en couture, au terme de laquelle elle a obtenu un certificat et surtout, une machine à coudre pour lancer son activité. Au total, quelque 250 femmes de différents quartiers de Maradi ont été formées et ont reçu du matériel, permettant ainsi à l’entreprenariat féminin de se développer dans la région.
Nafissa Chitou coud et vend des vêtements et des rideaux au grand marché de la ville. « Avec l’argent que je gagne, j’achète de la nourriture et des habits aux enfants. Et s’ils sont malades, je peux maintenant les emmener voir le docteur et acheter les médicaments dont ils ont besoin, se réjouit-elle. C’est un vrai changement ! Notre vie s’est bien améliorée. Avant la couture, je ne travaillais pas. C’était très difficile, nos conditions de vie étaient très précaires. Maintenant, nous vivons dans de très bonnes conditions », témoigne la jeune femme.
Entre les chèvres et la couture, Nafissa est désormais une femme très occupée. Grâce à ces deux activités, elle est également mieux armée pour faire face à la maladie ou aux chocs exogènes comme la sécheresse. Pour améliorer durablement la résilience des populations nigériennes, il est vital de renforcer leurs capacités tout en leur donnant les outils d’autonomisation sur le plan individuel.
Ces exemples de succès de projets soutenus par la Banque africaine de développement seront, parmi bien d’autres, partagés avec les participants de la prochaine édition en visioconférence, du Forum pour la résilience en Afrique, prévu du 28 au 30 septembre prochains. Cet événement phare, conçu par le Groupe de la Banque africaine de développement, réunira acteurs publics, partenaires techniques et financiers, et autres parties prenantes afin d’accélérer les initiatives de renforcement de l’État dans les contextes les plus fragiles du continent.