Après le mot d’ordre de grève observé par la Fédération des syndicats de l’éducation nationale (FESEN) les 3 et 4 novembre dernier, les sanctions sont tombées. Et Dieu sait si elles sont lourdes. 1 345 directeurs d’écoles ont été virés de leur poste. On se doutait que ce mouvement, suivi par de nombreux enseignants, malgré la sortie de Gilbert Bawara, ministre de la Fonction publique, et de Dodzi Kokoroko celui des Enseignements, qui ont déclaré l’illégalité de cette la grève, des représailles seront sorties. Mais pas aussi lourdement.
« Nous avons été clairs, pédagogues en rappelant aux uns et aux autres les dispositions en vigueur. Ceux qui ont décidé de passer outre doivent assumer les conséquences qui en résultent », a déclaré Dodzi Kokoroko qui a pointé l’illégalité où étaient les grévistes, lui qui, le 4 novembre déjà a pris un arrêté destituant 1192 puis 153 directeurs d’établissements préscolaire et primaire publics de leurs fonctions. La Fédération des Syndicats des Travailleurs des Enseignements du Togo (FESYNTET), elle, justifie son mouvement par la promesse de gratification exceptionnelle non tenue par le gouvernement aux enseignants.
La gouvernance par la peur dans la continuité
Avec cette guerre de tranchée qui s’annonce, on se dirige droit vers une situation chaotique où, au-delà des personnes sanctionnées, c’est tout un système éducatif qui se trouvera paralysé. Dodzi Kokoroko a beau justifier sa sanction par l’illégalité où étaient les grévistes, est-ce pour autant la bonne décision que de renvoyer à la craie des directeurs d’écoles qui ont, soit dit en passant, fait leurs armes, et qu’on ne remplace pas aussi facilement ? Le ministre des Enseignements primaire, secondaire, technique et de artisanat feint d’ignorer que si la promesse aux enseignants avait été honorée, il n’y aurait eu de grève de quelque nature que ce soit. C’est à croire que sans la peur et la force brute, aucune concession n’est possible.
La division des politiques et des syndicats, l’autre paire de manches
Le monde enseignant lui-même est des plus divisés. Dans la foulée de l’annonce de la grève, la Fédération des syndicats des travailleurs des enseignements du Togo (FESYNTET) s’est désolidarisée du mouvement d’humeur. « Cette gratification exceptionnelle ne vient pas de nous les syndicats. C’est le gouvernement même qui, à un moment donné, a promis cette gratification. Et depuis que cela a été annoncé, les discussions n’ont pas cessé de continuer. Même actuellement, le 04 (Ndlr : novembre) prochain, nous avons reçu une invitation de la part du ministre des Enseignements primaire, secondaire pour continuer les discussions. Le gouvernement nous a fait savoir que vu les contraintes budgétaires actuelles, surtout en lien avec la pandémie, ils sont en train de réfléchir pour voir comment satisfaire tous les fonctionnaires de l’État », a souligné Abaglo Ayité, Secrétaire général de la FESYNTET. Cette sortie de la FESYNTET qui a demandé aux camarades enseignants de « prendre leur mal en patience en attendant le versement de la gratification exceptionnelle » n’a pas eu le don de donner du poids aux syndicats. Cette mésentente entre les syndicats eux-mêmes est un pain bénit pour les autorités.
Ce qui est encore plus déplorable, c’est le manque d’autorité des politiques face à cette situation qui est avant tout d’ordre social. Comme les syndicats dans leur ensemble, les forces démocratiques ne font plus le poids et ne sauraient frapper du poing sur la table en présence de dirigeants conscients de leur division.
Sodoli Koudoagbo
Source : Le Correcteur / lecorrecteur.info
Le Togo des analphabètes Gnassingbe, une jungle sans loi!!!