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Thursday, April 25, 2024
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Sanctions contre le Mali : Le Togo aurait pu se mettre à l’écart, selon Dr Christian Spieker

À la tête d´un État en tant que dirigeant, il y a certaines erreurs politiques qu´il ne faut jamais commettre dans les relations entre États. Au sommet d´Accra du 9 janvier 2022 consacré à la sanction du Mali, le président togolais n´y était pas présent. C´est bon et c´est malin. Je qualifie son absence à ce sommet d´intelligent car c´est une décision impopulaire qui aura un effet historique et beaucoup d´impacts à long terme entre tous ces États et le Mali. Mais malheureusement il a été représenté par son Ministre des affaires étrangères et ce dernier a porté la voix de son chef en faveur de cette décision. C´est une erreur de se joindre à ses pairs dans ces décisions contre le Mali. Enfin de compte son absence à ce sommet  n´a rien changé. L´intérêt économique de notre pays à cause de notre port devrait prévaloir sur la sanction infligée au Mali et à laquelle le Togo a participé. Dans l´intérêt économique de notre pays il y a trois pays avec lesquels le Togo devrait toujours avoir un lien d´amitié solide pour ne pas dire exceptionnel: ce sont le Burkina Faso, le Niger et le Mali car ces trois pays enclavés nous rapportent énormément d´argent à causse de notre port qui les approvisionne en partie, même s´ils utilisent aussi d´autres ports et pour cette raison nous leur devons du respect.

La décision de la CEDEAO est une décision politique mais le Togo, lui, aurait pu tenir compte de ses intérêts économiques à travers son port qui approvisionne le Mali, pour se désolidariser poliment de ses pairs à Accra dans cette décision très impopulaire qui restera dans les archives du Mali. Certes, tous les chefs d´Etat des pays membres de la CEDEAO voudraient montrer qu´ils peuvent parler d´une seule voix. Mais d´une seule voix pour produire quelles conséquences ? On s´en fiche. C´est l´intérêt économique de notre pays qui devrait prévaloir dans la position du Togo vis-à-vis du Mali. En politique il n´y a pas état d´âme, surtout quand on est chef de l´Etat. On joue seulement avec les intérêts du pays que l´on dirige. On s´en fiche du reste. Si la Guinée a pu se désolidariser de la CEDEAO,  pourquoi le Togo, lui, ne pourra pas le faire alors qu´il a plus à gagner que de perdre dans cette situation  à cause de notre port ? Certes, si le Togo ouvre ses frontières au Mali alors que le Burkina Faso ferme les siennes, ça ne changera rien car en provenance du Togo il faut  nécessairement passer par le Burkina Faso pour aller au Mali ou vice versa.  Mais ce faisant, on garderait quand même un signe fort d´amitié avec le Mali. Notre président regarde trop ses intérêts personnels dans tout ce qu´il fait. Ceux du pays qu´il dirige sont toujours relégués au second plan.

En politique, lorsqu´il  s´agit des relations entre Etats, ce sont toujours les intérêts de son pays qu´il faut prendre en considération. On ne suit pas les autres États dans une décision collective si vous n´avez pas les mêmes intérêts ni la même position géographique qu´eux. En politique l´intérêt du pays que l´on dirige passe toujours en première position avant tout. On ne considère pas ses propres intérêts dans la décision à prendre ni ceux des autres États. Seul celui de son pays compte. En s´associant à une telle décision politique de la CEDEAO au nom de son pays, il engage tout le peuple togolais dans cette décision puisqu´il représente le Togo.

C´est une question d´intérêt et le Togo aurait pu être le gros gagnant dans ce bras de fer entre la CEDEAO et la junte malienne s´il ne s´était  pas joint à ses pairs dans cette décision et avait fermé ses frontières. Si la Guinée, elle a eu le courage de se solidariser de la CEDEAO, pourquoi le Togo, lui ne pourra pas avoir ce courage en prenant d´abord en compte son intérêt en tant qu´État avec le Mali ?

Regardez, ces États très grands en superficie comme le Niger, le Mali et le Burkina Fasso sont des pays enclavés. Ils n´ont pas de port car ils n´ont pas de frontière avec la mer. Le Togo, lui,  est un petit pays, très petit en terme de superficie mais Dieu l´a doté d´un port en eau profonde. Si le pays n´était pas divisé en deux et la partie plus riche rattachée au Ghana, on serait encore aujourd´hui comme un enfant gâté. Malgré ces atouts naturels, on fait toujours des erreurs politiques au sommet de l´État.

Il faut encore le dire avec clairvoyance, que cette décision de la CEDEAO est une décision de dissuasion pour que les militaires ne prennent pas le pouvoir dans d´autres pays de la sous-région. Mais notre président, lui, n´a rien à craindre. Cela n´arrivera pas au Togo. C´est une question d´analyse socio-politique de notre pays. Si cela devait arriver, cela arriverait depuis que nous sommes dans une situation politique, économique et sociale très difficile il y a déjà 30 ans et surtout depuis 2017. Donc, c´est une erreur de se joindre à cette décision contre le Mali.

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