Les députés, bourreaux des populations

« Mesdames et Messieurs les députés, qu’est-ce que votre présence à l’Assemblée nationale procure concrètement comme bénéfice direct à chaque citoyen? » (Nathaniel Olympio)

C’est parce que les 8 millions de Togolais ne pouvaient pas tous siéger au parlement qu’ils ont donné mandat à certains de les représenter. Ceux-ci deviennent les porte-voix des populations pour parler en leur nom et défendre leurs intérêts, leurs droits fondamentaux, notamment les droits socio-économiques. Les députés sont donc appelés à être à l’écoute des citoyens, à mieux représenter leurs électeurs, à leur être plus accessibles et leur rendre des comptes, etc.

Dans le guide des bonnes pratiques de l’UIP (Union interpalementaire) il est indiqué que «le parlement en sa qualité d’organe librement élu est l’institution incarnant la volonté du peuple, celle qui réalise dans la pratique le gouvernement du peuple par le peuple. Mandaté par le peuple, le parlement le représente vis-à-vis des autres pouvoirs et auprès des diverses organisations internationales ou des assemblées infranationales.»

« Pilier de la démocratie, ils incarnent la volonté des peuples, portent l’espérance que la démocratie réponde réellement à leurs besoins et contribue à résoudre les plus urgents des problèmes auxquels ils sont confrontés dans leur vie quotidienne ».

Pour ce faire, les députés devraient s’acquitter efficacement des fonctions qui sont les leurs dans le respect de la séparation des pouvoirs. Au-delà de légiférer, de contrôler l’action gouvernementale, etc., ils doivent surtout entendre les doléances de leurs mandants et corriger les abus.

Mais ici au Togo, les députés actuels (de la 6ème législature) font tout le contraire de la mission dont ils sont censés s’acquitter. Ce qui conforte certains à penser que c’est parce qu’ils n’ont  jamais été élus, mais plutôt nommés qu’ils se comportent comme des appendices du gouvernement et prennent tout le temps le parti de l’Exécutif. Ils ne défendent jamais les intérêts et les droits des populations ; au contraire, ils sont devenus leurs véritables bourreaux.

« Quand on accepte de porter le titre de député, cela signifie que l’on s’engage à défendre les intérêts de tous les citoyens. Cela confère donc une responsabilité. Je suis au regret de constater que l’action de l’Assemblée nationale n’a pas été véritablement au bénéfice des citoyens durant cette année qui finit. Bien au contraire parfois », a déploré le président du Parti des Togolais, Nathaniel Olympio. Qui s’étonne que sur la question lancinante de la vie chère, les députés n’aient voté aucune proposition de loi pour faire baisser les prix des produits de première nécessité alors que la grande majorité de leurs concitoyens vivent en dessous du seuil de pauvreté.

Sur des questions aussi préoccupantes que sont les scandales de détournements des deniers et autres crimes économiques, les violations des droits de l’homme et de liberté, etc., les députés restent muets comme des carpes de province.

Comme si les Togolais ne souffrent pas suffisamment assez, les parlementaires ont adopté fin décembre 2021, le budget exercice 2022 où on parle de l’élargissement de l’assiette fiscale, en clair, il y aura plus de création de taxes et une augmentation des impôts qui seront réclamés cette année aux Togolais déjà appauvris, sous une pression fiscale de plus en plus croissante. L’effet immédiat a été l’institution de la taxe d’habitation dont le citoyen devra s’acquitter.

Pourtant, selon le rapport de « Tax Justice Network » (Réseau pour la justice fiscale), « au Togo, 118 millions de dollars de bénéfices sont transférés par des sociétés du Togo vers l’extérieur en 2021, soit une perte fiscale de 20,6 millions de dollars, ce qui correspond à 0,4% du PIB ». Enorme scandale qui n’émeut point les députés!

Médard AMETEPE

Source : Liberte.info

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