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Thursday, April 25, 2024
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Drame de Melilla et CAN féminine 2022 au Maroc : qui donc nous a lancé un si mauvais sort ?

Je suis, depuis quelques semaines, une situation, tout en croisant les doigts qu’elle s’améliore pour que je jette ma langue aux chiens, mais comme elle n’a pas évolué dans le sens où je le souhaitais, j’en parle.

Il y a trois semaines, nous nous sommes réveillés sur une funeste information. La police marocaine venait de tirer sur une centaine de migrants subsahariens qui tentaient de s’introduire dans l’enclave espagnole de Melilla.

Même si ce genre de situation n’est aucunement inédite, la police marocaine s’étant spécialisée dans la traque et l’assassinat des migrants subsahariens, le nombre élevé des victimes et la violence des scènes ont glacé le sang, de tristesse et de rage, à plus d’un.

Quelques jours après la tragédie, sonnait le coup d’envoi de la Coupe d’Afrique des nations de football version femmes, sur le sol marocain. A cette compétition, participent plusieurs pays subsahariens dont certains ont leurs citoyens parmi les migrants assassinés. On peut citer le Cameroun, le Sénégal, le Togo, le Nigeria, la Zambie, l’Uganda, le Burkina Faso…

Je m’attendais d’abord à ce que, comme l’auraient fait des pays normaux, les autorités politiques de ces pays boycottent cette compétition, en signe de protestation et contraignent les institutions internationales à sanctionner le Maroc. Il n’y a eu aucune action de ce genre.

Ensuite, j’ai pensé que les fédérations de foot boycotteraient la compétition en invoquant l’argument suivant lequel leurs joueuses ne sont pas en sécurité sur un territoire où on tire sur des Africains comme sur des musaraignes. Silence de ce côté également.

Enfin, j’ai espéré que des joueuses, comme on le voit dans certains pays, prennent individuellement le courage de refuser de participer à ce qui est censé être une fête sur une terre où coulent encore les flaques de sang de leurs frères. Rien.

La CAN féminine a donc commencé au Maroc et s’y déroule très bien, dans une ambiance festive, ceux qui ont tué enlaçant ceux dont on a tué des frères, des sœurs, des cousins, des voisins… Tout le monde est heureux: victimes et bourreaux.

La seule chance que les victimes de Melilla auront peut-être un jour pour que justice leur soit rendue, c’est quand des organismes de défense des droits de l’homme occidentaux ou quelque organisation de la société civile française, belge, allemande, américaine, c’est-à-dire des Blancs, se lèveront pour demander des comptes aux autorités marocaines sur cette boucherie.

Nos sociétés civiles africaines, elles, sont occupées à raser les murs des chancelleries occidentales dans leurs pays, quémandant des invitations à des séminaires en Europe, pour bénéficier de billets d’avion gratuits et de perdiemes, et aller prendre des photos sur les grandes avenues occidentales, après s’être goinfrés de petits fours délicieux.

On regarde tout ceci, puis, dégoûté, on secoue la tête et se demande : « Qui donc, diantre, nous a lancé un si mauvais sort ? »

David Kpelly

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