Le réseau des femmes IFT-Togo a comémoré ce vendredi 25 novembre 2022 à Lomé, la Journée internationale pour l’élimination de la violence faite à l’égard des femmes. En conférence de presse ce jour, l’organisation a rendu public une déclaration dans laquelle, elle invite les autorités compétentes à oeuvrer pour la ractification la Convention 190 de l’OIT au Togo.
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CELEBRATION DE LA JOURNEE INTERNATIONALE POUR L’ELIMINATION DE LA VIOLENCE ET LE HARCELEMENT EN MILIEU DU TRAVAIL, EDITION 2022
Conférence de presse sur l’évolution du dossier de la ratification de la Convention 190 de l’OIT au Togo
Thème : « En route vers la ratification de la C190, pour l’élimination de la violence et le harcèlement en milieu de travail au Togo ».
DECLARATION LIMINAIRE
Chaque 25 novembre, est commémorée la « Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes », soutenue par l’ONU.
Cette célébration a pour origine, un événement particulier et dramatique : l’assassinat le 25 novembre 1960 des sœurs Mirabal en République dominicaine. Elles furent héroïnes et martyres de la lutte contre le dictateur Rafael Trujillo, qui dirigea la République dominicaine de 1930 à 1961.
Depuis ce temps, plusieurs milliers de militantes et de victimes de violences conjugales manifestent à travers le monde pour sensibiliser et lutter contre ce fléau. Mais le phénomène est loin d’être éradiqué.
Dans le monde, 01 femme sur 3 subi des violences physiques et/ou sexuelles à un moment donné dans sa vie, le plus souvent de la part d’un partenaire intime ou de quelqu’un qui a plus de pouvoir qu’elle. La situation doit changer et c’est ce que vise, notamment, la célébration du 25 novembre.
D’ailleurs, c’est pourquoi nous organisons cette conférence de presse axée sur le thème : « En route vers la ratification de la C190, pour l’élimination de la violence et le harcèlement en milieu de travail au Togo ».
En effet, beaucoup d’activités et enquêtes ont été menées, des textes juridiques pris ou adoptés pour éradiquer ce mal. Mais hélas!
La manifestation palpable, c’est la récurrence des cas de violence dans tous les secteurs de la vie, surtout en milieu scolaire et du travail.
Bien qu’elle soit omniprésente, la violence basée sur le genre n’est pas inévitable. Elle peut et doit être évitée.
Pour mettre fin à cette violence, il faut commencer par accorder foi aux récits des survivantes, adopter des approches globales et inclusives s’attaquant aux causes profondes, transformer les normes sociales préjudiciables et autonomiser les femmes et les filles.
C’est à cet effet que l’Organisation Internationale du Travail OIT soucieux du bien-être des travailleurs et travailleuses tous secteurs et catégories confondus a fait adopter une convention le 21 juin 2019 à Genève. Un texte juridique inclusif, avec une approche intégrée et qui a tenu compte de l’approche de la dimension genre qui définit la «violence et harcèlement» dans le monde du travail comme un ensemble de comportements et de pratiques inacceptables, ou de menaces de tels comportements et pratiques, qu’ils se produisent à une seule occasion ou de manière répétée, qui ont pour but de causer, causent ou sont susceptibles de causer un dommage d’ordre physique, psychologique, sexuel ou économique, et comprend la violence et le harcèlement fondés sur le genre;
b) l’expression «violence et harcèlement fondés sur le genre» s’entend de la violence et du harcèlement visant une personne en raison de son sexe ou de son genre ou ayant un effet disproportionné sur les personnes d’un sexe ou d’un genre donné, et comprend le harcèlement sexuel.
Cette convention est assortie d’une recommandation (R206) permettant aux pays membres de bien comprendre et d’appliquer les termes de ladite convention.
Elle est d’une importance capitale car elle est la première norme internationale qui vise à mettre à terme à la violence et au harcèlement dans le monde du travail, qui non seulement considère que tout le monde a le droit d’évoluer dans un monde du travail sans violence et harcèlement, mais aussi comblera les lacunes existantes dans la législation nationale. Tous les acteurs du monde du travail (gouvernement, employeurs et travailleurs et travailleuses ont un rôle à jouer pour favoriser et maintenir une culture du travail basée sur le respect mutuel et dignité.
Après l’adoption de cette convention, sur le plan continental, nombreux sont les pays membres de l’OIT qui s’efforcent et sont à l’œuvre pour mettre à jour leur dispositif juridique pour améliorer les conditions de vies et de travail de leur population active en matière de violence et de harcèlement. Sur les 55 pays africains, 06 ont déjà ratifié ladite convention sur le total de 20 au plan mondial. Il s’agit : de la Namibie (09/12/2020), de l’ile Maurice (01/07(2021), de l’Afrique du sud (29/11/2021), de la Somalie (08/03/2021) de la Centrafrique (09/06/2022) et tout dernièrement le Nigeria (23/09/2022).
Le statistique sur le plan national nous révèle que près de trois femmes sur dix (29 %) ont subi des violences physiques depuis l’âge de 15 ans. Cette proportion est plus élevée parmi les femmes en rupture d’union (41 %). Environ une femme sur dix (11 %) a subi des violences sexuelles à n’importe quel moment.
Les partenaires sociaux que sont les Centrales syndicales en collaboration avec la société civile ont organisé des séances de renforcement des capacités de leurs base, à mieux appréhender les termes de cette convention 190 afin d’amener le gouvernement à sa ratification.
Dans ces démarches, il se révèle que le gouvernement togolais qui avait participé à la séance d’adoption de la C190 en juin 2019 à Genève, a selon le rapport des experts de l’OIT au cours de la 110 è session, a déjà déposé le projet de ratification sur la table de l’assemblée nationale depuis le 17 septembre 2019. Des courriers ont été envoyés courant octobre 2022 aux autorités pour solliciter des séances de travail en début novembre 2022 mais aucune réponse n’a été donnée de la part de ces autorités pour la période sollicitée.
Lors de la célébration de la Journée internationale de la lutte contre les violences faites aux femmes en 2020, le Chef de l’Etat, son Excellence Faure Essozimna Gnassingbé, rappelait l’engagement du Togo sur la question et avait déclaré: “La violence faite aux femmes questionne, au-delà du genre, notre humanité même. Elle doit être combattue sous toutes ses formes et éradiquée de nos sociétés”. Dans un autre message il a poursuivi en ces termes. « Avec le gouvernement, nous renouvelons notre engagement à faire de l’élimination des violences basées sur le genre, une priorité ».
Cette volonté de renforcer les droits de la femme au Togo s’est traduite au cours de cette année 2022 par le vote de 05 lois utilitaristes pour renforcer son arsenal juridique. Une en faveur des enfants en milieu scolaire et d’apprentissage pour y éradiquer la violence et le harcèlement et quatre autres pour la promotion de la femme en renforçant ses droits et en promouvant l’équité genre.
Force est de constater que ces lois prennent en compte seulement certains secteurs et catégories de la population et n’est pas inclusive.
Malgré cette volonté du Chef de l’Etat, l’on se demande ce qui empêcherait la ratification de cette « Convention 190 de l’OIT » depuis près de 03 ans ?
Etant donné que, la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes donne le coup d’envoi de 16 jours d’activisme qui se termineront le 10 décembre 2020, jour de la commémoration de la Journée internationale des droits de l’homme, pourquoi ne pas ratifier la convention 190 qui prend en compte le genre, tous secteurs et toutes catégories de travailleurs confondus ?
C’est la raison pour laquelle nous exhortons l’Assemblée nationale à ratifier la convention 190 de l’OIT plus inclusive et plus protectrice pour un monde de travail sans violence et sans harcèlement au Togo.
Nous prions nos autorités, madame le Premier ministre, madame la Présidente de l’assemblée et monsieur le Ministre de la fonction publique, du travail et du dialogue social à œuvrer pour la réalisation de ce vœu de tous les travailleurs et travailleuses, employeurs de tous les secteurs et catégories confondus.
Surtout à l’Assemblée nationale, nous demandons que diligence soit faite sur ce dossier si important. Il faut forcément ratifier cette convention pour sauver les hommes, les femmes, les jeunes filles et jeunes gens de notre pays.
Je vous remercie.