Togo – Education : “La CSET ne saurait s’arrêter et dormir sur ses lauriers” dixit Abalo-Essé Assih

La Coordination des syndicats de l’éducation du Togo (CSET) est toujours vent debout contre les mauvaises conditions de vie et de travail dans le secteur de l’enseignement. Dans une interview accordée au confrère Telegramme228, le Secrétaire générale du CSET, Abalo-Essé Assih a indiqué que la coordination “ne saurait ne saurait s’arrêter et dormir sur ses lauriers”.

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SG, bonjour !
Plus de signe de vie de la toute agissante CSET, qu’est-elle finalement devenue ?

Très belles question, dirai-je ! Belle question car elle semble traduire les préoccupations d’un grand nombre qui, de bonne ou de mauvaise foi, se la posent. En effet, la CSET est une organisation syndicale née de la volonté de faire admettre que les corps de travailleurs de l’éducation étaient victimes d’une série d’injustice dans leur traitement : l’auxiliariat, absence de primes mensuelles encourageant certaines tâches spécifiques, la question des retenus des auxiliaires à la CNSS ….

La CSET était donc née pour faire admettre cela et demander que ça se corrige. Le chemin a été long mais le résultat est qu’aujourd’hui, la plateforme initiale telle que citée ici est vidée dans sa lettre même si dans son esprit, on ne parlera pas de satisfaction totale. Cette lutte, comme toute lutte syndicale, s’était soldée par la signature d’un protocole d’accord en 2018 puis d’un statut particulier quelques mois après. Il est vrai que si ce PA était appliqué dans sa mouture originelle, la paix sociale et la compréhension mutuelle seraient au rendez-vous. Mais, l’accord n’a été que partiellement appliqué quand le gouvernement nous impose la relecture (passant par les mécanismes d’arbitrage contenus dans le PA) et ceci était favorisé par le fait que certains interprétaient également mal les choses en ce moment dans notre camp.

Nous avons en vain attiré l’attention des camarades sur les risques de relecture et de remise en cause qu’on courait à faire cela ; mais hélas ! Ça a été une aubaine pour le gouvernement en position d’employeur de reprendre plus de force pour remettre en cause certaines clauses. De toutes les façons, en faisant le bilan avec la plateforme initiale, on se rend compte, que des étapes ont été franchies.

La crise sanitaire et l’état d’urgence qui que nous avions connus imposaient également que l’on baisse la garde à un moment car partout dans le monde, c’était la première urgence et on ne peut pas exposer les camarades en les mobilisant pour l’application intégrale de l’accord alors même qu’on a déjà réussi à gagner des étapes importantes. La suite, avec d’autres velléités syndicales, nous a montré que c’était la voix de la sagesse qui parlait à notre conscience.

La CSET étant une organisation syndicale (fédération), elle ne saurait s’arrêter et dormir sur ses lauriers : elle est bien vivante et participe aux concertations avec d’autres fédérations ou avec le gouvernement lorsqu’elle est sollicitée ou qu’elle porte une initiative, elle donne ses avis si le gouvernement en demande, elle porte les problèmes individuels des membres lorsqu’elle est saisie ou s’en rend compte, bref elle mène les activités régaliennes d’une organisation syndicale.

Il va falloir rappeler qu’être actif ou agissant syndicalement parlant n’équivaut pas à juste lancer des grèves car le but est loin de là ; les moyens d’action sont divers et la CSET les utilise tout comme elle a eu à appeler à la grève lorsqu’elle jugeait cela nécessaire face à la résistance de l’employeur. Mais les lignes ayant bougé, il faut donner une chance à la paix sociale.

Bref, la plateforme est vidée, résolue mais naturellement, de nouveaux problèmes naissent face à l’évolution des choses et c’est de l’ordre de la normalité. Il faut toujours sérier les choses.

Pour certaines opinions, le ministre KOKOROKO a fini par vous faire rentrer dans vos rangs et donc plus personne n’a le courage de lever le doigt…

Nous avons comme l’impression qu’il y a deux catégories de personnes qui parlent ainsi.

Une première catégorie qui, par ignorance pense que la lutte était destinée ou dirigée contre la personne d’un ministre ou d’une autre autorité. Je dis que c’est une ignorance car la lutte syndicale est plutôt dirigée contre l’injustice et c’est ce que nous avons fait, nonobstant l’occupant du poste ministériel, n’en déplaise à ceux qui ont voulu qu’on soit un moyen juste d’inquiéter X ou Y. Nous ne considérons pas la personne du ministre actuel mais le contexte.

Une deuxième catégorie est celle qui le dirait, c’est une hypothèse, pour titiller notre orgueil et nous amener à réagir par fierté juste pour faire signe de vie car les mouvements sociaux, peuvent amener d’autres acteurs à être également à l’aise, et ce par opportunisme, pour justifier leur exercices. C’est peut-être de bonne guerre mais nous n’entrons pas dans un tel piège, plutôt, nous gardons la tête sur les épaules.

Jeudi dernier, on vous a vus signer la mise en place d’un collectif qui semble coiffer désormais la CSET et les autres organisations syndicales. Est-ce vrai ?

À cette question, j’ai envie, avant de vous expliquer les choses que vous avez l’habitude de choisir presque toujours de voir le verre à moitié vide plutôt qu’à moitié pleine. Il y avait l’opportunité d’y voir ou imaginer des avantages également…. Mais, comment en est-on arrivé à n’envisager que le mal ?

Revenant sur la question, je vous dirai et c’est juste, que la CSET n’est pas et n’acceptera jamais être coiffée par une quelconque structure. D’ailleurs, avant de s’amener à cette structure, elle a discuté avec les autres formations et donc avec toutes les fédérations pour s’assurer de sa liberté à y entrer et à y sortir si cela venait à ne pas lui convenir.

Le collectif est une mutualisation des efforts pour mener des recherches d’appuis en vue de la formation ouvrière, pour opérer des plaidoyers et pour poser ensemble à l’employeur certains problèmes que tout le monde identifierait comme tel.

Ainsi, chaque syndicat et fédération membre garde toute sa liberté d’action. Et pour s’en convaincre, il faut chercher et savoir que pareille structure existe déjà dans d’autres secteurs au Togo et au niveau des Centrales syndicales.

On dit ’’ensemble, on est plus fort’’ et cela est vrai pour beaucoup de choses même si pour certaines choses, on n’a pas besoin de tout le monde avant de lancer ses propres initiatives.

La vie syndicale au Togo a connue de nouvelles dispositions législatives depuis quelques temps. Comment la CSET trouve-t-elle cela et s’y est-elle déjà conformée ?

Oui, de nouveaux textes sont pris. Nous avons trouvé certaines dispositions liberticides et nous l’avons dit malgré que nous ne fussions pas à la CSET en conflit avec certaines de ces dispositions. Il faut en tirer les leçons : cela est dû au fait que pendant l’état d’urgence, l’employeur/gouvernement se sentant sous pression a voulu se protéger par des lois, choses regrettable. Il ne fallait pas lui offrir cette aubaine et c’est pour cela que nous avions opté pour le calme et la négociation en ce moment…. Mais, hélas !

Cependant, nous pensons que rien n’est perdu et qu’en réalité s’il y a une bonne raison de se faire entendre ou même de remettre en cause des dispositions légales, ça se fera. Ça a toujours été comme ça. Ce sont les hommes qui font les lois et elles ne sont pas immuables lorsqu’à l’application, elles ne répondent pas.

Un petit rappel, dites-nous quand est-ce vous avez pris les rênes de la CSET et ce pour combien de temps

Là également, il y a un peu de confusion.

Nous ASSIH, avions joué le rôle de porte-parole de la CSET à un moment quand le camarade ATSOU était le coordonnateur et depuis, la date du 26 février 2022 à Atakpamé, c’est le camarade ASKOULIM du SYNETFP qui a été élu coordonnateur mais je continue d’assumer en concertation avec lui, ce rôle de porte-parole.

Nous avons toujours fonctionné ainsi.

Nous étions encore à l’intérieur avec les camarades SAKRAN et SOSSOU mais nous arrivions par circonstances à Lomé pour le dialogue avec le gouvernement et même pour des AG au centre communautaire de Tokoin. C’est dire que notre fonctionnement privilégie toujours l’efficacité à toute autre considération.

Les challenges de la CSET sont de discuter avec le gouvernement employeur et les autres fédérations de l’amélioration des conditions de travail de l’enseignant. Il nous faut aussi veiller à l’application progressive et juste du statut particulier de l’enseignement, dynamiser l’éducation ouvrière de nos membres et sympathisants, accroître l’adhésion et la mobilisation pour la défense de nos droits.

Salut !!!

Source : Telegramme228

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