Lutte contre les Crimes Financiers au Togo : Et Si la Justice Se Réinventait ?

L’implication des opérateurs économiques et quelques hauts cadres de l’État responsables des services spécialisés, impliqués dans la fraude et le trafic illicite de l’or au Sud-Kivu, n’en finit plus de défrayer la chronique en République Démocratique du Congo. Ce coup de filet attire d’autant plus l’attention, qu’on retrouve sur le banc de ces accusés (de fraude et de trafic illicite de l’or congolais vers le Rwanda) des membres du Cabinet du gouverneur, des responsables des services spécialisés présents à la frontière comme la Direction générale de migration (DGM).

Arrêtés le 5 mai dernier, les 25 coupables ont été présentés aux ministres de la Justice, des Mines et des Finances. Leur tableau de chasse : 4 coffres-forts, 15 ordinateurs portables, 41 téléphones, des balances, des moules, 26,100 Kg d’or, 406 mille dollars américains et plus de 6 millions de francs congolais. Un coup de filet que les Congolais doivent au renseignement militaire. Dans la même RDC, l’Inspection générale des finances (IGF) avait révélé fin avril comment le pays perd chaque mois près de 65 millions de dollars américains en rémunérant des emplois fictifs, des doublons et des faux agents dans le fichier de paie des agents et fonctionnaires de l’État. Quelque 1 462 757 agents et fonctionnaires ont été au cœur de cette enquête qui a duré un an, apprend-on. Si Fidèle Kihangi, le Président de l’intersyndicale de l’administration publique, a demandé aux autorités de se garder de toute conclusion hâtive, 961 agents du service de paie sont depuis dans le collimateur des autorités judiciaires. Des deux affaires, surnage une constante : les autorités ont fait chorus et salué le travail abattu par le renseignement militaire avec, en prime, la volonté de l’exécutif de combattre toutes pratiques devant priver la population congolaise des ressources naturelles du pays.

Pour ce qui est des doublons et des faux agents dans le fichier de paie des agents et fonctionnaires de l’État, Jules Alingete, le Chef de l’IGF, n’en annonce pas moins la poursuite des enquêtes. La RDC est loin d’être un crack en matière de lutte contre la corruption, elle est d’ailleurs le pays le plus riche du continent, mais une grande partie de la population est sur la paille. Tous ces gestes du gouvernement congolais peuvent relever d’une certaine démagogie, ils peuvent être motivés pour raisons électoralistes, et bien des citoyens y voient même un coup de menton tout juste bon à affriander le peuple, attendu que le pays est aux portes d’une nouvelle élection présidentielle. Mais on ne peut pas nier aux autorités judiciaires leur capacité à se saisir des affaires afin de tirer les choses au clair. Une chose pareille qu’on attend toujours dans un Togo de Faure Gnassingbé où il y a des prestations exécutées en l’absence de contrats ou conventions dûment signés et approuvés par les autorités compétentes, des marchés partiellement exécutés mais totalement payés, des marchés non encore réceptionnés malgré l’expiration des délais d’exécution.

De fait, le Togo n’a pas besoin d’on ne sait quelle Haute autorité pour éradiquer les crimes financiers, la Cour des Comptes et la justice suffisent largement. Mais attendre que les autorités togolaises se saisissent d’affaires du genre comme c’est le cas en RDC, c’est un peu comme demander à un musulman de faire le signe de croix. Ce n’est pas demain la veille.

Sodoli Koudoagbo

Source: Le Correcteur / lecorrecteur.info

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