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Togo: les défis de conservation du Koutammakou, un site entre tradition et modernité

Les autorités du Togo veulent mieux mettre en valeur le Koutammakou, seul site du pays classé au patrimoine mondial de l’humanité par l’Unesco depuis 2004. Ce site habité, qui s’étend sur 50 000 hectares, se situe au nord-est de Kara et se prolonge au-delà de la frontière du Bénin. Ce « paysage culturel » se compose de maisons à tourelles en terre crue. Un projet d’un coût estimé à 3 milliards de francs CFA a été validé en février dernier. Ce trésor national fragile a besoin d’être mieux protégé pour ne pas perdre son label Unesco. Les autorités togolaises réfléchissent aussi aux solutions pour répondre aux envies de modernité des plus jeunes.

Des femmes, des jeunes et des enfants s’affairent à l’ombre de grands arbres, près de leur takienta. Cette maison à tourelles en terre crue est l’emblème des Batammariba, « ceux qui façonnent la terre ».

Un patrimoine que partagent jeunes et moins jeunes du site de Koutammakou. Koumiaka Baloulomé, 23 ans, fils de cultivateurs, étudie désormais à l’université de Kara, mais il reste très attaché à ses racines. Malgré tout, une partie des plus de 2 000 maisons traditionnelles réparties sur le site ne servent plus d’habitation.

« Il y a des personnes qui y vivent, des vieilles personnes souvent. Les jeunes, eux, aspirent au modernisme », indique Batchatchilé Casimir, le conservateur du site. « À côté des sikiens [autre nom de la takienta, NDLR], il y a des maisons rectangulaires, modernes, en tôle ondulée. Les maisons modernes ne donnent pas trop de corvées de restauration chaque année. Et avant aussi, il n’y avait pas d’habits que les gens portaient. Donc, vous comprenez que dans les maisons traditionnelles, pour vivre dans [ces habitations], où est-ce qu’on va garder sa valise ? Ses vêtements ? »

Chercher des solutions pour faire perdurer le site

Dans la capitale, l’envie de modernité des habitants du Koutammakou n’a pas échappé non plus à l’ancien conservateur du site. Natta N’Poh Labounamah, désormais à la direction du patrimoine culturel à Lomé en est convaincu : il faut chercher des solutions, pour que le site perdure.

« Il y a de plus en plus d’habitants du Koutammakou qui sont allés à l’école et qui reviennent. Je veux dire par là qu’il y a de nouveaux besoins. Je crois que c’est tout à fait légitime. Le mal, c’est que ces constructions modernes, si on n’y prend pas garde, vont changer le paysage du site. Construire des habitats modernes, mais qui respectent au moins les contours, qui respectent aussi la couleur… Ce serait moins frappant. » 

« C’est très important de préserver nos valeurs »

Pour l’instant, les tourelles typiques de la takienta sont encore bien visibles sur le site de Koutammakou. Et de nombreux Batammariba ne conçoivent pas leur vie sans elle, qui abrite les ancêtres et dans laquelle ont lieu les cérémonies.

« C’est très important de préserver nos valeurs. Sincèrement, j’ai un souci là-dessus parce qu’il y a certains jeunes qui trouvent qu’il faut abandonner nos valeurs culturelles, c’est ça qui me fait mal », déplore Koumiaka Baloulomé.

Les acteurs de la préservation du patrimoine plaident pour une implication plus forte des communautés et élus locaux, pour que des réponses qui conviennent à tous puissent être trouvées et que le Koutammakou reste encore longtemps un site vivant.

rfi/fr./afrique

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