« L’histoire politique de la Guinée indépendante largement dominée par des régimes civils et militaires autoritaires »

Mamadi Doumbouya semble avoir aussi oublié que l’histoire politique de la Guinée indépendante est largement dominée par des régimes civils et militaires autoritaires et qu’il est donc absurde d’attribuer les échecs de la Guinée au choix de la démocratie.

La semaine dernière, vous aviez partagé avec nous des données illustrant à la fois un soutien fort au système démocratique en Afrique et dans le monde mais aussi des doutes profonds sur la mise en œuvre de ses principes dans la réalité. Il y a quelques jours lors de l’Assemblée générale des Nations unies à New York, le colonel Mamadi Doumbouya qui dirige la transition de Guinée a fait un discours très commenté, dénonçant notamment la démocratie occidentale imposée aux pays africains. Ce discours a forcément suscité votre intérêt. Décryptage avec Gilles Yabi.

J’ai publié il y a quelques semaines un article sur l’inconsistance du procès de la démocratie après chaque coup d’État en Afrique et les propos du colonel Doumbouya illustrent cette théorie assez populaire qui voudrait que le problème politique principal en Afrique soit le choix d’un modèle démocratique qui aurait été imposé par l’Occident et qui ne serait pas adapté à « nos traditions » pour reprendre les termes du président de la transition en Guinée. 

Comme toujours, ceux qui défendent cette position ne nomment pas clairement les principes démocratiques qui seraient incompatibles avec les traditions des sociétés africaines, elles-mêmes jamais explicitées. Comme toujours, ils oublient la diversité des systèmes politiques des pays occidentaux tout comme celle des pays africains eux-mêmes. Des pays comme le Botswana, l’île Maurice, le Cap-Vert qui ont adopté des principes et des règles démocratiques dans leurs textes constitutionnels et qui les respectent beaucoup plus que les autres, sont aussi les rares à afficher sur plusieurs décennies stabilité politique, paix et développement humain significatif.

Mamadi Doumbouya semble avoir aussi oublié que l’histoire politique de la Guinée indépendante est largement dominée par des régimes civils et militaires autoritaires et qu’il est donc absurde d’attribuer les échecs de la Guinée au choix de la démocratie. Ni le civil Sékou Touré ni le militaire Lansana Conté, qui ont cumulé 50 ans de présidence de la Guinée, ne sont réputés avoir gouverné selon les règles et principes démocratiques. Quant à Alpha Condé qui avait fait sa carrière politique d’opposant en se posant en fervent défenseur de la démocratie, il est évident que ce n’est pas par excès de zèle démocratique dans sa manière de gouverner qu’il a créé les conditions de son renversement par un officier qu’il avait fait monter en grade et en influence pour protéger son pouvoir. 

Il est incohérent selon vous d’expliquer que les manipulations de la constitution pour rester au pouvoir, les pratiques de corruption, les élections frauduleuses font le lit des coups d’État, ce qui est juste, et d’en déduire que c’est la faute à la démocratie

Tout à fait. Ces pratiques correspondent précisément au refus de respecter les principes de la démocratie et de l’État de droit. Ce n’est pas la faute à la démocratie si on organise la faiblesse de la justice et de toutes les institutions de contre-pouvoir. Ce n’est pas la faute à la démocratie si on politise les administrations et les entreprises publiques. Ce n’est pas la faute à la démocratie si on laisse prospérer la corruption sous toutes ses formes. La liste des pays africains qui ont connu des gouvernements autocratiques alliant corruption grotesque et incompétence notoire est longue.

La démocratie dans son essence renvoie à une relation de redevabilité entre les gouvernants et les gouvernés. Si on ne veut plus de ce lien, qu’on dise clairement par quel système on voudrait le remplacer. Jusque-là, on n’a pas encore entendu un des militaires qui s’est emparé du pouvoir proposer un nouveau modèle politique alternatif à la démocratie. 

Mais il y a des limites nombreuses dans les modèles politiques adoptés par les pays francophones de la région qui appellent des réformes ambitieuses, dites-vous

Oui. Nous mettons en avant depuis des années à Wathi des pistes pour changer le rapport entre les gouvernants et les gouvernés, dans une approche qui est davantage pragmatique que révolutionnaire. Il faut être à la fois ambitieux et réaliste.

Commençons par intégrer dans nos systèmes politiques des règles qui vont réduire significativement l’hyper-concentration et l’hypercentralisation du pouvoir, des règles qui vont imposer la collégialité dans la prise de décision, des règles qui vont encadrer le pouvoir des nominations aux plus hautes fonctions publiques. Prenons enfin au sérieux l’institutionnalisation et le financement de l’éducation civique, l’encadrement du financement des activités politiques ou encore l’indépendance des juridictions constitutionnelles. Travaillons sur la création d’institutions indépendantes dédiées à la valorisation de la diversité ethnique et culturelle de nos pays. Travaillons en somme sur tout ce qui concourt à la construction de sociétés apaisées, productives et ancrées dans le respect du bien commun.

Gille Yabi

0 thoughts on “« L’histoire politique de la Guinée indépendante largement dominée par des régimes civils et militaires autoritaires »

  1. Mamady Douboumya a deux fosses communes en Republique de Guinee le 5 Septembre plusieurs militaries guineens ont ete tuer l’accession de Douboumya au sommet de l’armee guineenne est ethnic Alpha conde avait tribaliser l’armee guineenne sans avoir le controle et ni du rapport directe avec les militaries car un Mamady Douboumya un simple caporal chef de l’armee frangaise a ete nomme colonel par le president Alpha conde il n’est pas de l’armee guineenne.

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *