Depuis le Coup d’Etat militaire ayant renversé le Président Mohamed Bazoum au Niger, suivi des sanctions décidées par la CEDEAO dont la fermeture immédiate des frontières et la suspension de toutes les transactions financières et commerciales avec le pays, près de 1000 camions provenant du Port de Cotonou sont bloqués à la frontière bénino-nigérienne.
La situation actuelle qui prévaut à la frontière entre le Bénin et le Niger nécessite que la CEDEAO ou du moins les autorités béninoises mettent en place un mécanisme pour éviter une crise sociale et économique dans le secteur des transporteurs dont les activités sont bloquées depuis plusieurs mois déjà.
Si des sanctions ciblées prises par la CEDEAO contre les auteurs du coup d’Etat au Niger peuvent être justifiées, la punition infligée aux « pauvres » transporteurs et leurs apprentis est en revanche totalement incompréhensible.
Selon les témoignages recueillis à cette frontière, des tonnes de marchandises commencent déjà par pourrir au grand dam des transporteurs et importateurs. Un apprenti Chauffeur dont le camion est bloqué à Malanville raconte : « Tout d’abord on n’a pas l’argent. Nos patrons ne nous en donnent plus depuis le début de cette situation. Avant de trouver même à manger, il faut faire trois kilomètres pour arriver dans la ville. Il arrive que nous ne consommons que du gari pendant des jours ». Il précise : « Nous ne sommes pas en sécurité ici. La voie n’est pas éclairée. Il y a des animaux sauvages, surtout les renards qui nous menacent » avant d’ajouter « Moi mon patron est rentré à Cotonou il y a un mois et demi. C’est moi seul qui suis resté auprès du conteneur ici à la frontière ».
Pour le président du Syndicat des transporteurs et importateurs et nouveaux associés du Bénin (SYNTRA-INAB), El Hadj Aladou Garba, le transporteur vit le moment le plus difficile de sa vie : « Il y a des transporteurs qui n’ont qu’un seul camion qui nourrit toute la famille. Vous connaissez bien la famille africaine. Depuis trois mois ce camion est immobilisé, le chauffeur l’a abandonné, parce qu’il n’est plus payé, l’apprenti est là et il ne sait quoi manger ».
Cette précarité à la frontière, l’oisiveté et la misère dans lequel sont plongés les chauffeurs et leurs apprentis constituent un terreau fertile au phénomène de l’extrémisme violent. Il urge que la CEDEAO revoie le volet de ses sanctions qui est à la base de cette situation.
Avec BBC Afrique
Talon fait la honte du peuple béninois.