De Jean-Paul Pougala
Extrait de “Comprendre ‘Histoire de l’Afrique” de Jean-Paul Pougala (livre bientôt disponible), Pour lire plus d’extraits, abonnez-vous sur www.pougala.net
Les européens ont qualifié la déportation des Noirs pendant 4 siècles vers l’Europe et vers les Amériques comme « Traite Négrière » et « Commerce Triangulaire ». Ce qui est inexact et nous allons voir pourquoi. La traite est le Transport et l’échange de marchandises. Si cette expression n’est vraie qu’en partie, puisque l’échange des victimes comme des marchandises se passait uniquement en Europe et en Amérique.
Le « Commerce Triangulaire » est une expression qui suppose qu’il y ait 3 personnes qui commercent, trouvent un intérêt de commercer entre elles. Mais 3 raisons permettent d’affirmer qu’il n’y a pas eu de « Commerce Triangulaire », tout au moins, pas avec l’Afrique :
1) Les moyens de transport : au 16ème siècle, le Royaume Uni est la première puissance maritime du monde. Ce qui lui a permis de commercer avec le monde entier grâce à ses nombreux bateaux. Mais lorsqu’il s’agit des esclaves africains, le premier bateau britannique qui transporte les premiers esclave africain est un bateau de guerre, dénommé le « Liverpool Merchant », certainement pas pour demander l’avis des africains sur les cargaisons qu’ils vont transporter. Ce premier bateau de guerre est aujourd’hui exposé au musée de l’esclavage de la ville britannique de Liverpool. Et on peut bien voir qu’il s’agit d’un bateau militaire de guerre et non un bateau civil de commerce.
2) L’objet du Commerce : Si les britanniques et les français qui ont massivement pratiqué ces déportations des africains vers l’Europe et de l’Europe vers les Amériques avaient offert des miroirs aux africains comme ils l’affirment, en 4 siècles, l’Afrique serait le continent avec les plus grands musées au monde des miroirs d’époque. Mais on n’a retrouvé aucune trace de ces prétendus miroirs, soit disant, utilisés pour acheter les esclavages africains.
3) Les retombés des échanges : Depuis le moyen-âge on a les preuves du développement exponentiel des villes grâce au commerce maritime. On sait ce que le commerce des esclaves africains a procuré aux villes européennes comme Liverpool, Bordeaux, Nantes etc. Mais allons voir l’équivalent du côté africain. Logiquement, si un commerce a duré des siècles, cela veut dire que les retombés ont traversé les générations. Si en France et au Royaume Uni on a identifié les immeubles, les avenues construites grâce à l’argent de la vente des esclaves africains, on a du mal à comprendre ce que les supposés vendeurs africains des esclaves ont fait de leur part d’argent. Comme minimum, les chefs traditionnels qu’on a accusés de complicité, auraient dû avoir utilisé leur part d’argent pour reconstruire leurs palais, pour réaménager leurs domaines. Mais aucune thèse, aucun fait ne vient valider une telle affirmation.
C’est Tocqueville qui va nous donner une explication logique à ce mensonge historique tant entretenu par les historiens européens.
En effet, pour lui, les miroirs dont ont parle ne sont que de l’enfumage. Ce qui a en revanche état envoyé en Afrique et en très grande quantité, c’est l’alcool fort.
L’objectif selon Tocqueville n’était nullement d’abreuver les africains, mais l’ayant déjà expérimenté sur les Amérindiens et leur conséquence destruction de disparition d’une race entière, l’idée avait été de répéter la même chose en Afrique, pour faire disparaître les africains.
En d’autres termes, on vide l’Afrique des personnes les plus fortes envoyées en Amérique pour y devenir des esclaves, et pour les plus faibles restants, on les détruit avec l’alcool, et nettoyer tout le continent africain d’une race jugée inférieure, les Noirs.
Ainsi, la France en s’installant en Algérie comme colonie de peuplement et le Royaume Uni en Afrique du Sud, comme la deuxième colonie de peuple en Afrique, ces deux pôles devaient servir de point de départ pour faire du continent africain un nouveau continent peuplé d’européens, et l’appellation Africain « Afrikaners » devait désigner les Blancs et non plus les Noirs qui auraient disparu entre temps, grâce au poison de l’Alcool.
Les Allemands y ont pris toute leur part dans cette œuvre de destruction des Noirs, en s’en prenant directement aux Hereros, qui selon le plan initial, mettaient trop de temps pour disparaitre.
LE NETTOYAGE ALLEMAND DES NOIRS EN NAMIBIE POUR Y CONSTRUIRE UNE NATION DE RACE BLANCHE OU LE PREMIER GENOCIDE DU XXème SIECLE
Entre 1904 et 1908, dans ce qui est à l’époque appelé : Südwestafrika (l’actuelle Namibie), deux groupes éthnique, les Héréros et les Namas, sont presque totalement anéantis par les soldats allemands du IIe Reich. On parle de plus de 100.000 morts, c’est à dire les 4/5 de toute la population.
L’histoire débute le 12 janvier 1904, les peuples Héréros, soutenus par leurs voisins, les Namas, qui refusent la soumission depuis la Conférence de Berlin en 1884, conduits par le chef supérieur nommé : Maharero, et responsable de la région d’Okahandja, se révoltent contre les fermiers blancs et l’administration allemande.
Ils viennent d’acheter 6.000 fusils aux commerçant d’armes anglais an Afrique du Sud.
Ils attaquent une garnison, sabotent les voies de chemin de fer et les lignes de télégraphe, incendient les exploitations agricoles et tuent une centaine de colons.
C’est l’occasion rêvé par les Allemands pour décimer toutes ces populations. Ils vont d’abord empoisonner tous les puits du très grand désert du Kalahari pour être certains que même ceux qui vont fuir la répression, n’iront pas très loin.
Voici l’ordre que le général allemand du IIème Reich, Lothar von Trotha donne à ses troupes le 2 Octobre 1905, en Namibie :
“Dans les frontières allemandes, chaque Héréro, armé ou non, en possession de bétail ou non, sera abattu […]. Je crois que cette nation, en tant que telle, doit être annihilée.”
Tous les Hereros et les Namas arrêtés sont tatoués des lettres GH (pour Gefangener Herero, “prisonnier héréro” en allemand). Ils sont immédiatement déportés et internés dans six camps de concentration, à Lüderitz, Karibib, Swakopmund, mais aussi à Shark Island.
Les scientifiques allemands s’y précipitent pour chercher les preuves de leurs convictions : que le Blanc est une race supérieure. Ainsi, pour prouver scientifiquement la supériorité de la race blanche, le médecin allemand Eugen Fischer profite des camps pour y pratiquer ses expérimentations : recherches génétiques sur les morts, stérilisation des femmes, mesures anthropométriques… Ses analyses influenceront Adolf Hitler et il formera, à l’université de Berlin, des médecins SS, dont Josef Mengele, l'”Ange de la mort” d’Auschwitz.
POURQUOI L’AFRIQUE DOIT DEVENIR UNE TERRE BLANCHE, EUROPEENNE COMME LE NOUVEAU MONDE : L’AMERIQUE ?
Dans son livre intitulé “Alexis de Tocqueville 1805-1859” publié chez Hachette Littératures en 1984, à la page 216, Jardin André rapporte le commentaire publié dans “Gazette de France’ à la sortie du livre de Tocqueville “De la Démocratie en Amérique” le 23 janvier 1835, ainsi :
« Monsieur de Tocqueville est avocat et, comme tel, il plaide la cause de la démocratie en Amérique ; c’est avec une prédilection toute particulière que cet auteur offre à l’admiration des peuples de l’Europe « (…) un pays d’humanité tricolore où des hommes rouges qui en sont les naturels se voient exterminés par les hommes blancs qui en sont les usurpateurs ; où les hommes noirs se vendent pêle-mêle avec les bestiaux sur la place publique. »
Voici ce que Tocqueville écrit à sa mère le 25 décembre 1831 :
Les colons américains «ont découvert (…) qu’un mille mètres carré pouvait nourrir dix fois plus d’hommes civilisés que d’hommes sauvages, la raison indiquait que partout où les hommes civilisés pouvaient s’établir, il fallait que les sauvages cédassent la place. Voyez la belle chose que la logique. » (…) en effet, les Indiens, ici, les Chactas (ou Tchactwas), sont déportés « dans un désert où les Blancs ne leur laisseront pas dix ans en paix. »
Avant d’ajouter sur les protestations des autochtones amérindiens :
« Plus j’y songe et plus je pense que la seule différence qui existe entre l’homme civilisé et celui qui ne l’est pas, par rapport à la justice, est celle-ci : l’un conteste à la justice des droits que l’autre se contente de violer. »
QUEL EST LE SORT DES ESCLAVAGES NOIRS LIBERES DANS LE NOUVEAU MONDE ?
« Ainsi le Nègre est libre, mais il ne peut partager ni les droits, ni les plaisirs, ni les travaux, ni les douleurs, ni même le tombeau de celui dont il a été déclaré l’égal ; il ne saurait se rencontrer nulle part avec lui, ni dans la vie ni dans la mort.
- Au Sud, où l’esclavage existe encore, on tient moins soigneusement les Nègres à l’écart ; ils partagent quelquefois les travaux des Blancs et leurs plaisirs ; on consent jusqu’à un certain point à se mêler avec eux ; la législation est plus dure à leur égard ; les habitudes sont plus tolérantes et plus douces.
- Au Sud, le maître ne craint pas d’élever jusqu’à lui son esclave, parce qu’il sait qu’il pourra toujours, s’il le veut, le rejeter dans la poussière. Au Nord, le Blanc n’aperçoit plus distinctement la barrière qui doit le séparer d’une race avilie, et il s’éloigne du Nègre avec d’autant plus de soin qu’il craint d’arriver un jour à se confondre avec lui.
- Chez l’Américain du Sud, la nature, rentrant quelquefois dans ses droits, vient pour un moment rétablir entre les Blancs et les Noirs l’égalité. Au Nord, l’orgueil fait taire jusqu’à la passion la plus impérieuse de l’homme. L’Américain du Nord consentirait peut-être à faire de la Négresse la compagne passagère de ses plaisirs, si les législateurs avaient déclaré qu’elle ne doit pas aspirer à partager sa couche ; mais elle peut devenir son épouse, et il s’éloigne d’elle avec une sorte d’horreur.»
Alexis de Tocqueville – De la démocratie en Amérique, Page, 1848, tome 2. Page : 298
Au début du XIXe siècle, la plupart des pays du Nouveau Monde renoncent à l’esclavage.
L’Angleterre, faut de client dans le Nouveau Monde, décide de l’abolir. Mais la France ne veut pas renoncer à l’apport économique des esclaves africains Noirs dans la prospérité de la France. C’est dans ce contexte que Alexis de Tocqueville, considéré à raison comme un expert de la question de l’esclavage après avoir été le témoin de la démocratie en Amérique, devenu député au parlement français donne ses conseils comme, rapporteur parlementaire sur les questions de l’esclavage et des colonies.
ET QUE PENSE LE NOVEAU DEPUTE DE CE QU’IL FAUT FAIRE DE L’AFRIQUE ?
« Le second moyen en importance, après l’interdiction du commerce (des esclaves), est le ravage du pays. Je crois que le droit de la guerre nous autorise à ravager le pays et que nous devons le faire soit en détruisant les moissons à l’époque de la récolte, soit dans tous les temps en faisant de ces incursions rapides qu’on nomme razzias et qui ont pour objet de s’emparer des hommes ou des troupeaux. »
Alexis de Tocqueville, sur « Travail sur l’Algérie »
Extrait de « Comprendre l’Histoire de l’Afrique » de Jean-Paul Pougala
(livre bientôt disponible)
Bafang le 16 Juillet 2019
P.S: Sur la photo, les Herero qui avaient réussi à traverser le désert en évitant les puits empoissés par les Allemands.