Divorce AES – CEDEAO: Que faire?

Trois pays du Sahel, Mali, Burkina-Faso et Niger, ont quitté de tout droit la CEDEAO. C’est un coup dur qui réveille même les pères fondateurs de la CEDEAO de leur retraite et les morts bougent les doigts. Le Gal Yacoubou Gowone propose un retour à la grande famille de la CEDEAO sans même se demander qu’est-ce qui a divisé la famille.

Le reliquat des pays encore membres du moribond regroupement se bat pour ramener les trois membres dont le départ risque d’ entraîner un suicide collectif. Ces trois membres refusent de ravaler leur crachat et pour des raisons bien fondées. Mais si la lutte panafricaine dans laquelle ces trois pays ont une grande avance doit accoucher d’un émiettement du continent, cette lutte aura débouché sur trois États alliés libres. C’est l’histoire qui recommence, les peuples en voudront à ces pays d’être passés à côté des objectifs d’un continent. Notre continent ne peut être fort sans panafricanisme sans unité.

Le nationalisme a déjà fait ses preuves. Et le colon le savait en avance avant d’avoir accordé une indépendance à des pays déjà minés par des frontières et ce nationalisme Béa. Finalement, l’indépendance n’aura servi à rien si ce n’ est d’empirer la situation d’asservissement du continent. La lutte des années 60 reste toujours d’actualité. Pendant que les autres continents se développent, mon continent, de génération en génération, passe une existence de lutte jamais aboutie.

Que doit faire l’AES?

L’Alliance des États du Sahel est déjà un ensemble. Trois géants pays, c’est déjà un pas. La sécurité, la liberté, l’indépendance, la souveraineté et la prospérité sont là les nobles objectifs de votre lutte. Et pour le moment, tout le continent est d’accord avec vous. Au Sénégal et au Togo, des Panafricanistes de haut vol ont commencé avant vous. Avec eux, demain, ces pays pourront vous rejoindre sur la base du vrai panafricanisme et non celui du panafricanisme slogan porté par la monarchie togolaise. Si la lutte actuelle des États de l’AES se limitait à la libération des trois États, revêtant ainsi le caractère nationaliste, l’observateur se demanderait » tout ça là pour ça? ».

Nous souhaitons que vous ayez raison sur nos analyses passées où notre journal disait qu’à l’allure où vous faites la lune de miel avec un pays comme le Togo, berceau des compromissions du continent, vous risquez d’être tout, sauf des Panafricanistes. Ce n’est pas à vous d’ abandonner les acquis tangibles de votre lutte pour rejoindre des pays où les dirigeants entretiennent encore avec l’ennemi des accords perpétuant la colonisation et l’impérialisme qui minent l’éclosion du continent. Il appartient aux autres de vous rejoindre s’ ils sont pour le continent et non pour une vassalisation à vie au profit du sorcier blanc toujours aux aguets. Certes, de ce divorce, le perdant c’est la CEDEAO. Cependant, vous aussi vous aurez trahi l’idéal panafricaniste qui consiste à libérer et à unir l’Afrique. Il ne s’agit pas de dire non pour non. Le non pour non n’est pas dans l’intérêt du panafricanisme. Acceptez de vous rassoire avec ces pays traîtres encore membres de la moribonde CEDEAO, ce n’est pas encore un crime. Ensuite, posez les conditions d’un nouvel espace oust-afrcain tel que vous le concevez. C’est-à-dire, une fédération ouest africaine libre unie et souveraine. Une CEDEAO des peuples c’est forcément une CEDEAO à vos conditions. Se remettre ensemble, juste pour se remettre ensemble, sans ce préalable, c’est tisser encore un panier à crabe vulnérable aux termites en attendant la disparition totale.

Surtout n’oubliez pas de faire d’un divorce sans réserve avec le colon les premières et irrémédiables conditions pour la CEDEAO des peuples.

A nouveau en famille et à vos conditions, c’est alors vous qui, fort de l’expérience de votre avancée, allez tenir la tête de peloton pour une Afrique libre, souveraine et prospère. Votre lutte porte déjà, le Mali redevient enviable et se stabilise avec un Kidal à nouveau fréquentable, le Burkina y est presque malgré les sabotages du colon embusqué et le Niger va sûrement tirer un rapide profit des deux alliés. Vos efforts consentis pour la sécurité donnent leurs preuves. Se faire conduire par un non voyant est un crime, mais lui refuser de vous tenir par derrière en est un autre.

ABI-ALFA,
DP Journal le Rendez-vous

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