Dans un communiqué de presse, le front « Touche Pas À Ma Constitution » monte au créneau et rejette les élections sénatoriales prévues par le gouvernement pour février 2025. Le regroupement de partis politiques et de la société civile dénonce un « folklore » visant à camoufler la 20e année de Faure Gnassingbé au pouvoir. Lisez plutôt !
Déclaration Liminaire
Mesdames et Messieurs les journalistes, chers compatriotes,
Nous sommes réunis aujourd’hui à un moment crucial de notre histoire politique nationale. L’année 2024 touche à sa fin, marquant un cycle de frustrations croissantes et une prise de conscience collective. Une frustration singularisée par la restriction de l’espace civique, la répression indiscriminée et une gouvernance qui renforce la misère et la précarité que subissent les Togolais.
La situation au Togo est actuellement marquée par de nombreuses crispations majeures :
1- Modifications Constitutionnelles Contestées : En avril 2024, une nouvelle Constitution a été adoptée dans des conditions anticonstitutionnelles, permettant au chef de l’État actuel, Faure Gnassingbé, de se maintenir au pouvoir sans limite de durée. Cette décision soulève de sérieuses inquiétudes quant au respect des principes démocratiques.
2- Restrictions des Libertés Fondamentales : Les restrictions de la liberté d’expression, de réunion et de manifestation pacifique vont à l’encontre de la Constitution et des engagements régionaux et internationaux du Togo. Pour dénoncer cette confiscation de l’espace civique, nous avons déposé, le 18 novembre dernier, un recours pour abus de pouvoir auprès de la Chambre administrative de la Cour suprême, contestant l’interdiction arbitraire de notre journée de solidarité pour les détenus politiques.
3- Tensions Politiques Persistantes : L’opposition et la société civile expriment des préoccupations concernant la gouvernance, la transparence électorale et l’indépendance des institutions.
4- Non-Exécution des Décisions Judiciaires Régionales : Plusieurs arrêts de la Cour de justice de la CEDEAO au bénéfice des détenus politiques, concernant notamment des allégations de torture, restent non exécutés. Ce qui soulève des questions sur le respect de l’État de droit.
Mesdames et Messieurs,
C’est dans ce contexte de tensions politiques et sociales aiguës, que le régime annonce, avec une grande provocation, la tenue d’élections sénatoriales le 2 février 2025.
Chers compatriotes, cette date n’est pas le fruit du hasard, elle n’est pas du tout anodine, car il s’agit pour le régime de noyer dans les tumultes électoraux la date du 5 février.
Oui, le 5 février, c’est la date du coup d’Etat qui a marqué l’irruption brutale de Faure Gnassingbé à la tête de l’Etat en 2005, et qui a débouché sur le massacre d’un millier de Togolais quelques semaines plus tard.
C’est donc les 20 ans de confiscation de pouvoir ; de violence et d’une gouvernance désastreuse que l’on cherche à passer sous silence, que l’on veut cacher, car une période de honte pour le régime, une période caractérisée par des résultats médiocres et surtout par le rejet du peuple.
Ces élections sénatoriales représentent une marche forcée pour entrer dans une Ve République, contestable et contestée. Les Togolais ne veulent pas de cette République-là. Les Togolais n’acceptent pas ce changement de Constitution. Les Togolais ne souscrivent pas à ces élections de la honte.
C’est pourquoi les partis politiques à l’écoute du peuple rejettent catégoriquement, les uns après les autres, toute participation à ce folklore électoral. Oui, cette mascarade est un folklore qui ne fait pas rire.
C’est aussi l’heure de vérité pour tous les autres partis qui flirtent discrètement avec le pouvoir. Participer à ces élections sénatoriales mettra au grand jour leur duplicité, leur acceptation du changement illégal de Constitution. L’horizon de la lutte sera davantage limpide, car le peuple saura qui est qui.
Chers compatriotes,
Dans un récent communiqué de presse, nous avons analysé les élections sénatoriales annoncées par le régime comme symptomatiques d’un système où la cooptation tient lieu de démocratie. Ce ne sont pas des élections, mais des transactions. Et chaque siège négocié est un pas de plus vers la confiscation du pouvoir populaire.
Le front « Touche Pas À Ma Constitution » est né de cette colère légitime du peuple. Nous avons passé ces derniers mois à analyser en profondeur les mécanismes de verrouillage politique et à comprendre les ressorts d’un système qui confisque la souveraineté populaire.
Nous vous invitons ce mercredi 18 décembre 2024 à 12h30, à une conférence-débat qui se tient à Brother Home, sur le thème « Gouvernance et changement de constitution- Quel impact sur la cherté de la vie, les libertés publiques et la vie politique ? »
Ce sera un moment de diagnostic et de reconstruction, où nous décortiquerons les articulations institutionnelles qui transforment nos mécanismes démocratiques en instruments de verrouillage social.
Cette conférence-débat sera un acte majeur de cette fin d’année : un moment de bilan, de projection et de défis.
Une projection qui nous prépare à 2025, une année symbolique, une année charnière, une année qui marque le défi de l’action.
2025 sera l’année où le peuple ne se contentera plus d’être un objet politique, mais il deviendra l’acteur de sa propre histoire, avec un seul mot d’ordre : AGISSONS ENSEMBLE !
Ce n’est pas un slogan, c’est un engagement à lancer la mobilisation générale, par des manifestations pacifiques publiques, à s’exprimer massivement sur les réseaux sociaux et à entretenir des discussions communautaires pour maintenir la flamme de la sensibilisation.
Que viennent les tyrans, ton cœur soupire vers la liberté !
L’opposition sénégalaise a pu mobiliser le peuple sur le terrain… La population est sortie et a voté pour sanctionner le parti au pouvoir… Au Togo, les opposants sont dans les discours, leurs partisans, dans une confusion totale, ne sortent pas pour voter… Quelle est la prochaine étape ?