Je viens de lire le long message que Blaise Compaoré a adressé en ce jour à ses compatriotes, demandant pardon à ces derniers, spécialement à celui qu’il continue, cynique, d’appeler son frère et ami, Thomas Sankara.
Je revois l’état actuel de celui qui, durant presque trente ans, a fondé son règne sur l’assassinat, les brimades, les humiliations de ses compatriotes.
Je revois cet homme qui, hier encore, représentait le pouvoir dans ce qu’il a de plus terrifiant, et qui aujourd’hui, sur une terre d’exil, vieux, faible, malade, seul, n’est devenu qu’un tronc fluet ployant sous une tête alourdie par la honte et les chagrins. Et je n’ai même plus le courage de le haïr.
Je doute fort si ses victimes les plus directes, la veuve et les orphelins de Thomas Sankara par exemple, peuvent, en voyant cette loque humaine qu’est devenu l’assassin de leur mari et de leur père, avoir la force de lui faire un quelconque mal si on le leur livre.
Parce que la vérité est claire : Blaise Compaoré n’a plus besoin aujourd’hui qu’on lui fasse mal.
Le mal qui le ronge et dont il ne se débarrassera pas jusqu’à sa tombe, son mal le plus profond et le plus redoutable, est au fond de lui.
Ce mal, c’est cet homme mauvais, méchant, cruel, les mains couvertes de sang, les oreilles bourdonnant du sang fratricide qui crie vers le ciel, qui se reflète devant lui chaque matin quand il se mire.
Le châtiment le plus cruel de Blaise Compaoré n’a qu’une seule face : le visage de Blaise Compaoré vu par Blaise Compaoré.
Blaise Compaoré se suffit donc pour se punir, s’emprisonner et s’empoisonner le reste de ses jours. Faisons donc mieux que nous moquer de lui, l’insulter, l’humilier et même le haïr. Infligeons-lui le plus cruel des châtiments. Oublions-le !
David Kpelly