Togo-GST-Mali/Faure Gnassingbé : « Les enjeux de la situation malienne sont nombreux et variés »

Les travaux de la deuxième réunion du Groupe de Soutien à la Transition au Mali (GST-Mali) ont démarré ce lundi 8 mars 2021 à Lomé. Plusieurs personnalités de la sous-région prennent part à cette rencontre. Ce sera l’occasion de faire le suivi-évaluation de la mise en œuvre des conclusions de la réunion inaugurale tenue en fin d’année dernière à Bamako. Dans son mot d’ouverture des travaux, le chef de l’Etat togolais, Faure Gnassingbé a exprimé sa volonté pour un « retour à la normalité au Mali ». Bonne lecture.

Madame le Premier Ministre, Cheffe du gouvernement de la République Togolaise ;

Monsieur le Commissaire à la Paix et à la Sécurité de l’Union africaine ;

Monsieur le Représentant du Secrétaire général des Nations Unies ;

Monsieur le Représentant de la CEDEAO au Togo ;

Madame la Ministre des Affaires étrangères de la République du Ghana, Présidente du Conseil des Ministres de la CEDEAO ;

Monsieur le Ministre des Affaires étrangères de la République algérienne démocratique et populaire ;

Monsieur le Ministre des Affaires étrangères de la République du Mali ;

Mesdames et Messieurs les Ministres de la République Togolaise ;

Distingués invités,

Mesdames et Messieurs,

Je voudrais à l’entame de mon propos vous souhaiter, au nom du Peuple et du Gouvernement togolais, une chaleureuse et fraternelle bienvenue au Togo dans le cadre de cette réunion consacrée à la recherche des voies idoines pour une issue heureuse de la transition politique au Mali.

Le 8 mars marquant la célébration de la journée internationale des droits de la Femme, je voudrais me saisir de cette opportunité pour avoir une pensée positive à l’endroit de nos mamans, de nos sœurs et épouses de par le monde.

Puissent le sens de responsabilité, l’esprit de sacrifice et la solidarité qui ont toujours caractérisé la gente féminine, inspirer tous les acteurs au chevet du Mali ainsi que le vaillant peuple malien lui-même dans ces moments difficiles.

Mesdames et Messieurs,

Distingués invités,

Le soutien à un pays frère, dans un moment aussi délicat que celui d’une transition politique, va au-delà des simples vœux. Pour paraphraser une éminente figure politique africaine, je dirais que la solidarité tout comme la paix, n’est pas un vain mot ; mais plutôt un comportement, un geste, une action de sympathie, une main tendue qui crée l’espoir chez autrui en situation difficile et qui l’encourage à ne pas céder au défaitisme.

Le Togo, mon pays, souscrit pleinement à cette philosophie de l’action et du pragmatisme, et en a fait une constance de sa politique étrangère aussi bien sur le plan communautaire que sur la scène internationale.

Dans le contexte malien, cette philosophie à rencontrer l’adhésion de toutes les parties prenantes notamment du Peuple malien debout et politiquement mature ainsi que des autorités de Transition qui œuvrent inlassablement en vue du rétablissement de la paix et de la stabilité institutionnelle, conformément à la feuille de route arrêtée d’un commun accord avec la CEDEAO. Je voudrais les encourager à se concentrer davantage sur les défis institutionnels et sociopolitiques toujours en latence, en prenant appui sur ce précieux Groupe de soutien mis en place par l’Union africaine.

Je salue tout particulièrement l’action dynamique de la CEDEAO sous l’autorité de S.E.M. Nana AKUFFO-ADDO, Président de la République du Ghana et Président en exercice de notre Communauté dont la constante sollicitude envers le Mali depuis le début de la crise jointe aux initiatives de l’Union africaine et des autres partenaires nous autorisent à espérer une sortie de crise définitive.

Mesdames et Messieurs,

Distingués invités,

Le soutien indéfectible du Togo au Mali et mon engagement personnel pour une transition réussie dans ce pays, reposent non seulement sur l’impérieux devoir de solidarité, mais aussi et surtout sur la communauté de défis et des enjeux sociopolitiques et sécuritaires qui se jouent en arrière-plan, avec des conséquences sous-régionales et régionales certaines.

La partition qu’il nous revient de jouer doit contribuer à la création des conditions nécessaires au développement d’un État malien capable de répondre aux besoins de ses citoyens, d’exercer pleinement son autorité sur l’ensemble de son territoire national et d’assumer efficacement ses responsabilités dans la promotion de la sécurité régionale et la recherche de solutions à d’autres défis communs.

Mesdames et Messieurs,

Les enjeux de la situation malienne sont effectivement nombreux et variés. Il y a d’abord sa position géopolitique qui en fait un pays carrefour dont l’instabilité prolongée aura forcément un impact direct sur les pays voisins, dans tout le Sahel et pourrait même entraîner l’embrasement de toute la sous-région.

Ensuite, se pose la question de la cohésion sociale de ce vaste pays qui nous interpelle et nous rappelle que la réussite de cette période de transition n’est pas une option, mais plutôt un impératif. En effet, pour sauver les acquis importants obtenus et garantir la poursuite du processus de réconciliation engagé à la faveur de l’Accord d’Alger de 2015, nous n’avons d’autre choix que de réussir cette transition que je considère d’ailleurs comme une seconde chance.

Enfin, l’on ne peut ignorer la tourmente sécuritaire imposée par les groupes terroristes au nord du pays et qui se répand à grande échelle dans toute la sous-région, avec son lot de victimes, de dégâts matériels et des effets pervers sur la jeunesse ouest-africaine en termes de radicalisation et de grand banditisme. Les attaques incessantes dans la sous-région ébranlent la confiance de l’opinion publique, tandis que les forces africaines et internationales dans la région continuent de subir d’importantes pertes en vies humaines.

Dans ce contexte, nous devons saluer le courage, l’engagement et l’énergie intacts des forces de défense et de sécurité déployées au Mali et surtout dans tout le Sahel par nos pays respectifs.

Mesdames et Messieurs,

Le Mali concentre une bonne partie de l’arsenal international de maintien de la paix, tel qu’en témoigne le foisonnement d’acteurs internationaux présents sur le terrain avec des actions et des contributions diverses. Si cette importante présence internationale est à saluer et à encourager, car dénotant de la solidarité internationale pour ce pays, il convient également de relever un relatif manque de coordination pour une meilleure efficacité de l’action internationale dans ce pays.

C’est en cela que le Groupe de Soutien à la Transition au Mali (GST-Mali) représente une aubaine pour rentabiliser l’action internationale en faveur de ce pays, dans un élan d’inclusion et de pragmatisme. Le Groupe continuera d’être au centre de la coordination internationale sur la situation au Mali, afin d’éviter la duplication inutile des efforts et le gaspillage de ressources rares, surtout dans le contexte sanitaire actuel, en appui aux efforts conduits par les autorités maliennes.

Notre soutien au pays frère du Mali dans le cadre de ce groupe se veut donc davantage performant et ciblé pour créer un impact positif et durable sur les défis les plus pressants évoqués plus haut.

Mesdames et Messieurs,

Distingués invités,

Face aux menaces auxquelles nous sommes confrontés, qui défient l’intangibilité des frontières et fragilisent la stabilité de notre ensemble sous régional, je voudrais pour ma part, au nom de la République togolaise, vous réaffirmer notre disponibilité et notre engagement sans faille à soutenir la République sœur du Mali et à adhérer aux initiatives innovantes et solidaires, à l’image du GST-Mali, qui permettront de remettre ce pays sur la voie de la stabilité et de la paix durables.

En déclarant ouverts nos travaux, je voudrais espérer que la réunion de Lomé permette de franchir un cap décisif dans le processus de retour à la normalité au Mali.

Je souhaite plein succès à nos travaux !

Je vous remercie

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