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Togo, Manifestations interdites, État d’urgence sanitaire : Comment la pandémie renforce le pouvoir de Faure Gnassingbé

En février dernier, le Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres a déploré que l’épidémie de Covid-19 soit utilisée par certains pays -qu’il n’a pas cités- pour faire taire les «voix dissonantes» et les médias. En effet, au prétexte de lutter contre la pandémie de coronavirus, certains pays ont pris des mesures restrictives. C’est le cas du Togo où les citoyens n’ont officiellement plus le droit de se regrouper au-delà de 15 personnes depuis mars 2020.

Le coronavirus a offert aux régimes autoritaires une opportunité de renforcer leur pouvoir sous couvert de lutte contre la pandémie. Des mesures opportunistes permettant de renforcer l’emprise des dirigeants au détriment des libertés de leurs concitoyens. La pandémie de coronavirus a, en effet, offert l’occasion aux régimes en froid avec la démocratie de prendre toute mesure de restriction des espaces de liberté avec pour alibi l’impérieux besoin de protéger la santé de tous.

L’état d’urgence sanitaire prorogé à quatre reprises au Togo…

En mars dernier, le gouvernement togolais a obtenu l’accord du parlement à proroger, pour six mois supplémentaires, l’état d’urgence sanitaire en vigueur dans le pays depuis, le 1er avril 2020. En effet, décrété par le chef de l’Etat togolais pour une durée de trois mois, sur la base de l’article 94 de la Constitution, l’état d’urgence sanitaire a été prorogé pour la quatrième fois, le 16 mars 2021. Une décision qui a laissé bouche bée, les défenseurs de droits humains.

Et pour cause, la prorogation de l’état d’urgence sanitaire repousse également le délai d’habilitation du gouvernement à prendre par ordonnance, des mesures relevant du domaine de la loi, dans le cadre de la lutte contre le coronavirus. Une carte blanche donnée ainsi au régime de Faure Gnassingbé qui semblait en difficulté après le scrutin présidentiel de février 2020. Ainsi, des mesures restrictives peuvent être prises sans aucun problème.

En effet, malgré une victoire presqu’à la russe, Faure Gnassingbé qui a décroché son quatrième mandat doit faire face à crise post electorale des plus risquées depuis celle de 2005. Pour cause, le candidat Agbéyomé Kodjo avec l’appui de l’Archevêque Emérite de Lomé, s’estime vainqueur de l’élection et réclame avec véhémence, sa victoire. Et bien évidemment, il se dessinait une crise post-électorale dans le schéma habituel : manifestations-répressions-sauf que les chances de dialogue qui ont souvent sauvé le pouvoir dans ces situations étaient presque néant. Mais les mesures prises dans la cadre de la lutte contre le virus ont empêché toute initiative de manifestation. Le pouvoir de Lomé a donc fait coup double.

Par ailleurs, la bonne gestion supposée de la pandémie au Togo et certaines mesures sociales flatteuses prises par le gouvernement ont permis à Faure Gnassingbé de s’arracher quelques echos mitigés sur l’échiquier international. Lui qui avait tant besoin d’une peau neuve après quinze ans à la tête du Togo.

L’ONU dénonce une utilisation détournée de la covid pour faire taire les «voix dissonantes»

«Brandissant la pandémie comme prétexte, les autorités de certains pays ont pris des mesures de sécurité sévères et des mesures d’urgence pour réprimer les voix dissonantes, abolir les libertés les plus fondamentales, faire taire les médias indépendants et entraver le travail des organisations non gouvernementales», a regretté, en février dernier, le chef de l’ONU, dans son discours annuel, devant le Conseil des droits de l’homme (CDH).

Le Secrétaire général de l’Onu a indiqué que les restrictions qui y sont liées, dans certains pays, «servent d’excuse pour miner les processus électoraux, affaiblir les voix des opposants et réprimer les critiques». Ainsi, a-t-il ajouté, «des défenseurs des droits humains, des journalistes, des avocats, des militants et même des professionnels de la santé ont fait l’objet d’arrestations, de poursuites et de mesures d’intimidation».

Au finish, malgré ses conséquences désastreuses sur l’économie du pays érigée sur une gouvernance entortillée, la pandémie a, sans aucun doute, rendu « un grand service au régime de Faure Gnassingbé », conclu un observateur avisé.

Source : Fraternité / fraternitenews.info

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