« On ne fait rien de sérieux si on se soumet aux chimères, mais que faire de grand sans elle ? » Dans Les Chênes qu’on bat, Charles de GAULLE mesure l’immensité des grands défis, les moyens qui les entourent pour réaliser la transcendance des peuples et des nations. L’avenir se construit dans la fidélité aux objectifs que s’imposent les hommes qui regardent devant eux avec la folie du surpassement en acceptant dans la dignité tous les sacrifices de leur vision qui, souvent s’apparente à une utopie, à un rêve pieux.
Toutefois, l’utopie positive est le châssis des grands bonds de l’histoire des hommes. Que le sérieux et la responsabilité se conjuguent, les moyens viennent dans la conquête de l’ambition. Le principal dans l’ambition, c’est la constance dans la motivation qui met le feu en permanence à la volonté.
L’Afrique convoitée pour un accompagnement des autres s’abîme dans les projets qui ne sont pas les tiens. Elle s’épuise et s’affaiblit en se laissant embarquer dans des aventures néfastes dont il faut absolument prendre conscience pour déterminer sa ligne, sa souveraine raison et poser ses jalons dans la marche en avant de l’humanité.
Dans la guerre russo-ukrainienne, on assiste encore à une pression hégémonique d’engloutissement de nos pays dans le cercle de ceux qui aiment infantiliser l’Afrique pour en faire un blindage de leur fausse-raison. La neutralité affichée par les pays d’Afrique majoritairement devient embarrassante pour les occidentaux qui présument que nous n’avons pas bien compris ce qui se passe chez eux et qu’il faille nous produire des textes d’exploitation pour un emballement certain dans les causes qu’ils défendent
Leur cause n’est pas certainement la nôtre, quoique nous plaidons pour l’amitié, la paix et la sécurité de la planète que nous avons en héritage commun.
Par-delà le discernement et la neutralité de l’Afrique dans cette guerre, que pouvons-nous asseoir pour nous garantir les leviers de notre propre développement, les prouesses de notre économie, de notre agriculture, de nos cultures dans un champ d’interaction de nos potentiels?
Comment éviter que les conflits et les guerres ne soient plus des facteurs qui compromettent notre présent et notre avenir ?
1) L’Europe se guérit de ses misères par l’Afrique
Le vrai projet de l’Afrique pour elle-même est qu’elle se guérisse de ses misères par elle-même. Ce principe directeur de la politique en Afrique suffit à la mobilisation générale de nos peuples pour la reconquête pleine et entière de notre fierté, de notre dignité, de notre souveraineté. Nous avons de la jeunesse en abondance à fédérer autour de la noble cause, parce que les nouvelles générations ont soif d’indépendance et des idées novatrices qui portent leurs actions.
Nous voyons comment l’Occident veut se guérir de la misère de la guerre russo-ukrainienne en se rabattant sur l’Afrique pour une coalition, on ne sait laquelle, et qui nous est totalement étrangère. La maturité acquise par l’expérience de l’assujettissement forcé détermine une autre option, celle de l’autonomie de la conscience qui nous met en harmonie avec nous -mêmes pour donner à l’action la force qui nous ressemble sans faire l’apologie de la misère de la guerre où que ce soit.
Quoique le monde soit dans une connexion de proximité que ‘d’aucuns nomment village planétaire et que les interférences des troubles de la guerre se ressentent dans le prix de l’énergie, du transport, l’Europe tient à nous tromper sur l’immensité de la faim en Afrique suite au blocage des ports céréaliers en Ukraine. Ce n’est pas en suscitant l’émotion que les Toubabs vont nous priver du discernement. L’Afrique ne consomme pas autant de blé que les Européens et les Asiatiques. Nous avons de nombreux produits agricoles de substitution pour résister à la pénurie de blé et nous disposons de terres encore très fertiles pour nous passer de l’engrais de l’Ukraine. Nos ressources pour des composts-fertilisants sont énormes.
La levée du blocus des ports ukrainiens, favorise le départ des cargaisons de blé non pour l’Afrique, mais pour le Liban, la Corée du Sud, l’Irlande du Nord, la Grande Bretagne… La guerre russo-ukrainienne n’est pas la nôtre. Personne ne saurait nous y mêler comme la première guerre mondiale et la seconde où la France sous l’occupation avait une résistance nationale dont 66% des effectifs venaient de ses colonies.
Les conséquences du conflit russo-ukrainienne sont notablement néfastes pour l’Europe qui tente de cacher sa propre misère par un matraquage médiatique qui expose l’Afrique et la met aux premiers rangs, artificiellement, des catastrophes de l’inflation et des pénuries auxquelles les Européens, plutôt, ne sont pas préparés. Les cascades de représailles, les chaînes de sanctions contre la Russie desservent davantage les économies de proximité tisées bien longtemps avec la Russie qui trouve les moyens de s’orienter grandement vers la Chine, l’Inde, le Brésil et vers d’autres pays qui ont besoin de maintenir leur productivité par l’énergie à bon marché et sans trêve. L’Europe se tire un obus dans les pieds dans la salive des sanctions
Nous sommes le continent le mieux ensoleillé et le plus riche en diversité des ressources du sous-sol. Notre plan d’évolution ne peut s’écarter de l’exploitation de l’énergie solaire pour donner un bon fouet à tous les compartiments de notre économie. Le coût prohibitif du pétrole et du gaz nous donne l’opportunité de concevoir et de réaliser de gigantesques poses de plaques solaires à moyen terme pour sécuriser nos sources d’énergie susceptibles d’accompagner une révolution industrielle sur ce continent.
Comment AREVA, l’entreprise française d’exploitation de l’uranium peut-elle écumer le sous-sol nigérien pendant cinquante ans, y tirer des ressources énergétiques et stratégiques en laissant le Niger dans le noir, sans tout au moins se sourciller d’offrir de l’électricité aux populations avec une alternative solaire plus adaptée à ce pays ?
La France a eu besoin de la légion noire pour combattre l’Algérie avec l’objectif principal de mettre la main sur ses puits de pétrole. Beaucoup de soldats de l’empire français sont morts en Algérie. Après avoir échoué en Algérie, la France crée la cécession biafraise au Nigéria avec le même objectif de disposer abondamment et à vil prix le pétrole.
En outre, les vingt-huit pays de l’Union Européenne ont des informations claires et nettes sur le mal du CFA, son arrimage sur l’Euro, le profit qu’en tire la France au sein de la communauté, mais aucun d’eux n’ose entamer le combat pour briser les chaînes de l’esclavage monétaire, un goulot d’étranglement pour les pays francophones d’Afrique et pour toute l’Afrique. Si nos pays francophones deviennent économiquement puissants, le bénéfice de leur réussite sert tout le continent.
A contrario, le profit exorbitant que réalise la France dans le jeu monétaire de servage sur nos pays renforce non seulement la France, mais toute l’Union européenne qui n’a pas besoin d’une France malade, pauvre. L’Europe s’entend sur l’essentiel qui lui apporte les ressources de son leadership en fermant les yeux sur les pratiques les plus obscènes qui engloutissent les pays d’Afrique au fond des âges.
L’Allemagne de MERKEL et l’Italie de SALVINI ont déjà souligné que le refus de la France de décoloniser la monnaie est une source d’immigration des Africains en Europe. Mais, l’Europe préfère s’entendre sur les moyens de barricader l’Europe que de d’inciter le France à cesser ce terrorisme de razzia monétaire.
2) L’Alternative africaine de l’autonomie d’action
La dépendance économique, politique, monétaire et surtout médiatique ne délivre pas des notes, des informations propres pour motiver nos peuples à avoir une liberté d’esprit pour un jugement adroit sur nous-mêmes, sur les Européens et sur les autres peuples.
Si toute l’Afrique se vante à tort d’être indépendante en restant sans fonder un front solidaire financé par des prélèvements infimes sur nos produits d’exportations pour constituer des fonds communs pour des opportunités à planifier et à réaliser, il ne faut pas espérer le moindre changement de regard sur nous.
La désaliénation est un processus fort à entretenir dans la conscience collective, à le faire éclater dans l’esprit de la nouvelle génération pour que l’Afrique se concentre sur elle-même ; vive des rêves et croire en elle. L’auto flagellation du complexe de pauvreté tant utilisé par ceux qui s’enrichissent chez nous sur notre dos doit pouvoir cesser si nous voulons croire encore à l’immensité de ce que nous représentons sur l’échiquier économique mondial en termes de valeurs, de potentialités, de la qualité de nos sols et de notre sous-sol.
Les groupements économiques régionaux ont la possibilité de mutualiser leurs efforts, leurs ressources pour financer des recherches fondamentales sans lesquelles le bond scientifique et industriel n’est qu’un leurre. L’émergence qui est devenu le tam-tam-parleur de nos leaders copistes et mauvais perroquets des prouesses des pays de l’Asie du Sud-Est, ne se conçoit pas in abstracto et ne se réalise sur des châssis ex-nihilo.
La recherche fondamentale est absolument au cœur de l’émergence. La maîtrise de la science et de la technologie appliquée à nos propres objectifs, aux potentialités qui sont les nôtres est une bombe économique indéniable qui permettrait de financer nos organismes internationaux sans tendre la main à ceux qui aiment bien s’offrir des fauteuils d’observateurs dans tout ce que nous entreprenons sur le continent. Les Asiatiques, le Brésil et bien d’autres pays qui se relèvent du parrainage des occidentaux se passent de l’assistanat cher aux Européens et qui leur permet de se renseigner abondamment sur nous, sur nos stratégies pour mieux les contrer subrepticement ou violemment.
L’ingérence tolérée et coutumière à laquelle nous nous accommodons est une plaie qui s’enfle dans les rapports Afrique-Europe. Il faut fermement trouver les moyens de nous en guérir si nous voulons prendre la bonne option de la neutralité et de la responsabilité qui sont les ressorts d’une Afrique qui se pense elle-même et qui se guérit de ses propres tares par rectifications successives et audacieuses de la transcendance existentielle.
Le terrain de la réflexion est universel. Il faut simplement se consacrer à nous-mêmes pour découvrir que la saine organisation de nos ressources, de notre économie ajoutée à l’éthique, à la morale, à la justice et à la bonne volonté dans la solidarité constitue l’échafaudage de nos pays pour leur propre réalisation. Si nous nous laissons à l’appendice du monde sans réaliser la rupture complexuelle, nous allons continuer de donner l’occasion aux autres de penser pour nous, de croire que nous avons besoin de leurs explications biaisées et fallacieuses pour nous mener dans le jeu d’intérêt qui n’est pas le nôtre et qui ne concerne pas l’Afrique.
Source : L’Alternative / presse-alternative.info
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