Bénin – Les députés talonnent sèchement le droit de grève

En réponse à une grève des aiguilleurs du ciel qui a paralysé l’aéroport de Cotonou en fin septembre dernier, le parlement béninois n’a trouvé mieux que de voter une loi retirant purement et simplement le droit de grève aux travailleurs des secteurs aéroportuaires et des hydrocarbures.

Ce mardi 10 octobre 2022 est marqué d’une pierre rouge pour les défenseurs des droits sociaux au Bénin, notamment en matière de droit du travail. En effet, les députés béninois ont voté une loi supprimant le droit de grève dans les secteurs des hydrocarbures et aéroportuaires qui désormais rejoignent les rangs des travailleurs du domaine sanitaire, sécuritaire et de la justice qui ne pouvaient plus légalement entrer en grève depuis 2018. On se rappelle que le président Patrice Talon avait vanté les mérites d’une telle mesure récemment lors d’un forum des affaires en France.

Selon le pouvoir béninois, il s’agit de secteurs sensibles et ils doivent être mobilisés en permanence dans le contexte sécuritaire marqué par des attaques terroristes. Nul doute que le pouvoir de Cotonou suit de près la paralysie provoquée actuellement en France par la grève des travailleurs de TotalEnergies. Cette loi est prise certainement pour prévenir une telle situation au Bénin.

Seulement, la suppression du droit de grève est un véritable coup porté aux fondements du droit du travail. Déjà plusieurs voix s’élèvent contre ce qu’elles qualifient d’abus. Pour Monsieur Jean Assagbè, secrétaire de la Fédération des transports aériens, terrestres, maritimes et assimilés, « l’État a le droit de réguler (…) le secteur du travail, en mettant quand même des conditions en place pour qu’il y ait l’équilibre de toutes les forces en présence ». Il dénonce non seulement l’interdiction mais les sanctions qui accompagnent les grévistes, « à savoir l’emprisonnement et des amendes ». A cet effet, il indique que « « Nous irons à sa conquête par les voies de recours qui sont donc reconnues par la Constitution à travers la Cour constitutionnelle et éventuellement, peut-être l’OIT (l’Organisation internationale du travail ».

Barth K.

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