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Togo-Covidgate : Dr TINDJO interppelle le Chef de l’Etat

« Une minorité qui met à rude épreuve la politique du Chef de l’Etat au nom du militantisme ».

Entre l’opposition démocratique togolaise dépourvue de moyens de l’Etat et la minorité qui confisque pour son bien-être les richesses du pays, pendant qu’une masse critique de citoyens croupie dans la misère, qui fait mal ? Qui porte atteinte à l’épanouissement national ?

Mis en ligne depuis quelques jours le « Rapport d’audit du fonds de riposte et de solidarité Covid-19 (FRSC), gestion 2020 » de la Cour des comptes du Togo, un document de 86 pages révèle plusieurs irrégularités.

C’est le lieu de féliciter le Chef de l’Etat commanditaire de l’audit qui a permis au peuple de se rendre compte que, la minorité dont il faisait allusion il y a quelques années compromet véritablement le développement inclusif et durable du pays. A cet effet, il faut trouver des mesures pour arrêter la gabegie financière dans le pays.

Alors que la pauvreté et les inégalités restent encore très élevées, surtout dans les zones rurales, doit-on croire que certains au nom de leur appartenance au parti au pouvoir n’hésiteraient pas à se remplir les poches ? « Parce que le milliardaire n’a pas récolté sans peine, il s’imagine qu’il a semé » disait  l’Homme politique Français socialiste, Jean Jaurès (1859-1914).

Selon le rapport d’audit du Fonds de riposte et de solidarité Covid-19 (FRSC), les partenaires ont mobilisé pour le pays 173 160 034 649 F CFA dans le cadre du FRSC en 2020. L’audit subséquent a couvert les départements ministériels et démembrements de l’Etat qui ont reçu des fonds provenant du FRSC et les ont utilisés dans le cadre de la riposte, sanitaire ou socio-économique.

Mais force est de constater qu’il y a une trentaine d’irrégularités relevées dans ce rapport notamment, des opérations financières effectuées en violation des modes de paiement requis, des rémunérations sans aucune base juridique payées aux membres des comités et à certains personnels dits d’appui, la mauvaise application de l’arrêté N°2020-026/PM/CAB du 31 mars 2020 portant réquisition d’hôtels pour faire face à l’épidémie de COVID-19, une vice de procédure dans la réquisition des structures d’hébergement au sens de la réglementation en vigueur.

Certaines structures publiques sont épinglées pour établissement de procès-verbaux non conformes aux documents de la commande, mauvaise application par les autorités contractantes de la procédure d’entente directe qu’elles ont utilisée, prestations exécutées en l’absence de contrats ou conventions dûment signés et approuvés par les autorités compétentes, des marchés ou conventions attribués aux entités inéligibles à la candidature de la commande Publique, non reversement du reliquat des transferts dans les caisses de l’Etat.

La Cour des comptes note également qu’il y a eu exécution de dépenses dans le non-respect des règles de procédure de contrôle et de justification en matière de la dépense publique. Certains paiements effectués sur le FRSC ont porté sur des dépenses non prioritaires ou n’ayant pas de liens directs avec la mise en œuvre des mesures de riposte contre la Covid 19.

Ces irrégularités, sur le fond et la forme, sont relevées dans la plupart des départements et organes publics, allant du ministère du Commerce, de l’agriculture à celui de l’Economie et des Finances, ou encore de la Justice; des structures comme la Coordination Nationale de Gestion de la Riposte à la COVID-19, ou l’Université de Lomé.

Face à cette situation, doit-on accuser le Chef de l’Etat pour avoir fait confiance aux responsables de ces structures en mettant à leur disposition des fonds dans le cadre de la riposte, sanitaire ou socio-économique ? Pourra-t-il poursuivre ces responsables qui sont pour la plupart militant de son parti afin que ces derniers justifient les fonds dépensés sans base juridique ou sans pièces justificatives comme l’a mentionné le rapport ?

«Une minorité qui met à rude épreuve la politique du Chef de l’Etat au nom du militantisme ».

Si au nom du militantisme, l’on peut se permettre de tels actes qui pourraient être assimilés à un crime économique sans être inquiété, c’est que le pays va à la dérive. La feuille de route du gouvernement tant vantée ainsi que le développement inclusif et durable tant souhaités ne seront que de l’utopie pour le pauvre citoyen.

Depuis les crises socio politiques qui ont secouées le pays, il n’est pas étonnant de lire dans les colonnes de certains médias inféodés au parti au pouvoir que les formations d’opposition qualifiées au passage d’incompétents sont responsables de la misère et du malheur du peuple comme si c’était l’opposition démocratique qui dirigeait le pays.

C’est le lieu de prendre conscience et ne plus garder le silence coupable, car « la maladie ne se guérit point en prononçant le nom du médicament, mais en prenant le médicament » tel que le soulignait Feu Thomas Sankara. Il est temps que le peuple se mobilise pour la révolution démocratique populaire en utilisant le « vote sanction » comme un vote message politique aux prochaines élections, destiné à manifester son mécontentement aux responsables politiques au pouvoir. Il faut que lors d’une élection, le vote majoritaire soit en faveur de l’opposition. Il faut que ce vote aille au-delà de l’adhésion au programme ou aux idées de l’opposition, car il viendra également témoigner de la sanction, de la punition infligée au gouvernement en place. La révolution démocratique populaire a besoin d’un peuple de convaincus et non d’un peuple de vaincus qui s’apitoie sur son sort.

A titre illustratif, en France, la gauche a infligé une sévère défaite à la droite au second tour des élections régionales. Les Français ont ainsi confirmé leur « vote sanction » contre la majorité de droite du président Nicolas Sarkozy. Si le vote sanction a été possible dans certains pays de la sous-région ouest africaine notamment au Burkina Faso, en Gambie, en Guinée… et a permis une alternance, le Togo ne peut pas faire exception. Par contre, ce qu’il faut éviter, c’est une alternance dans un bain de sang, car elle risquerait de plonger le pays dans un cercle infernal de règlement de comptes et exacerber l’extrémisme violent et le terrorisme.

L’alternance au Togo devient une nécessité pour favoriser le changement de mentalité dans la gestion des affaires publiques. Ce qui est regrettable dans le pays et frustre davantage le peuple, c’est au nom du militantisme que certains se permettent la gabegie financière. Il serait donc souhaitable que le Chef de l’Etat, exclue toute participation aux prochaines élections, si ce n’est se limiter à un rôle capital : leur organisation en toute transparence pour faciliter une alternance pacifique.C’est ici une urgence car la gestion du pays depuis des années a favorisé l’installation de mauvaises habitudes qui furent érigées en règle de gouvernance. Les institutions seraient devenues un héritage ou une récompense pour service rendu au parti. Une alternance faciliterait un changement de comportement pour le bien de tous; et nous sortirait de cette dynamique néfaste de parti Etat.

Pour la transparence dans la gestion des affaires publiques, le maintien de la paix et la sécurité, il est souhaitable que le Chef de l’Etat poursuive l’initiative annoncée en conseil des ministres sur l’obligation de déclaration des biens et avoirs des hautes personnalités et fonctionnaires de l’Etat. Nous n’oublions guère tous les agents professionnellement exposés aux risques de corruption et d’infractions assimilées conformément au protocole de la CEDEAO A/SP1/12/01 du 21 décembre 2001 sur la démocratie et la bonne gouvernance qui fait échos à la Convention de l’Union africaine du 01 juillet 2003 destinée à la prévention et la lutte contre la corruption.

Le Chef de l’Etat pourrait demander à la Cour des compes de poursuivre les audits dans les sociétés d’Etats et dans l’administration publique afin réduire les crimes financiers. Il serait judicieux de présenter également les rapports d’audits sur la gestion des Fonds de riposte et de solidarité Covid-19 (FRSC) pour l’exercice 2021 et 2022.

Sur les irrégularités relevées dans le rapport d’audit de la Cour des compte, la justice devrait s’auto saisir afin de mettre la lumière sur la gestion de ces fonds dans l’optique de rassurer les partenaires techniques et financiers, les bonnes volontés et les citoyens ; Car chacun s’accorde à admettre que l’exercice du jugement politique a besoin d’informations objectives et vraies pour pouvoir bien s’exercer.

Pour un climat d’apaisement au regard des commentaires sur le rapport d’audit de la Cour des comptes, le Gouvernement devrait aussi revoir son communiqué de presse en date du 09 février 2023 où il se réjouit de ce que ce rapport considère que les dépenses relatives aux mesures barrières, de riposte ou sanitaires sont « conformes, régulières et sincères » pourtant de graves irrégularités ont été relévées. Nous devons tous comprendre que « la vérité est une arme secrète de la démocratie ». Ainsi, il revient au Chef de l’Etat de situer les responsabilités et d’agir afin de rassurer la population.

Ce n’est pas parce que le pays est en état d’urgence que les lois de réglementation des marchés publics doivent être bafouées. En état d’urgence, la loi prévoit toujours ce qui doit se faire dans le cadre de la passation de marchés publics.

Dr TINDJO Djagri Richard

Homme politique

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sen
sen
February 13, 2023 10:46 am

Nous nous attendions à ce que le chef de la maison tape du poing sur la table. Mais en lieu et place, le gouvernement à travers son communiqué a donné une douche froide aux togolais. Si les togolais sont convaincus ou pas de la gestion de Faure Gnassingbé, les urnes nous le diront.

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