A 70 ans, Jean-Pierre Fabre est toujours un vert homme, et son esprit reste vif et alerte. Les trente dernières années de lutte politique contre le pouvoir en place l’ont immanquablement touché, mais guère rétamé physiquement, au point qu’il garde toujours de beaux restes pour continuer le combat démocratique. De la lutte politique, il sait qu’il en a pris pour son grade. Ce n’est pas tant les échecs itératifs lors des élections qui turlupinent cet homme convaincu de l’inéluctabilité d’un changement démocratique, mais les zizanies de l’opposition alimentées par un certain populisme et la gangrène des réseaux sociaux. Les stigmates des déceptions perlent comme les mots amers qui sortent parfois de sa bouche.
Cependant rien n’entame son aspiration à la démocratie, ni éteint ses espoirs d’homme politique, d’où sa participation aux dernières élections locales qui l’ont porté à la tête de la commune du Golfe 4, prétendument la plus riche commune de Lomé. Il savait les dés du processus de décentralisation pipés, mais il y est allé avec la détermination et le fol espoir d’un David contre Goliath, enfin de porter les coups autant que faire se peut.
Il nous livre ici ces deux années d’expérience en tant que maire d’opposition, évoque la vie de son parti l’ANC, le théâtre politique, l’avenir du Togo, et son propre destin national.