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Togo- Littérature : « La Poétesse de Dieu » de David Kpelly vient de paraître

L’écrivain togolais David Kpelly n’a pas encore rangé sa plume. Le Prix littéraire France-Togo 2010 vient de signer son retour en librairie avec un nouveau chef d’œuvre intitulé : « La Poétesse de Dieu ».

Publié aux Editions L’Harmatan, le 7 mars 2022, le nouveau roman de David Kpelly, intitulé « La Poétesse de Dieu », fait 302 pages. Ce 7em chef d’œuvre du jeune écrivain togolais allie amour et drame, le tout dans un style plein d’humour pour le bonheur des lecteurs avides de belles sensations.

« Le roman est écrit sous les airs d’un polar, roman policier.  Il s’agit d’une enquête menée entre Bamako et Ouagadougou pour retrouver une jeune lycéenne mystérieusement disparue depuis plus d’un an.  La jeune Alima Sallaye. Les enquêteurs sont au nombre de trois. Yao Aziawowovivina, un réfugié togolais au Mali, qui a été le professeur de littérature de la fille disparue. Zopiro le Charognard, un ivoirien pro-Gbagbo qui a fui les répressions du régime de Ouattara en Côte d’Ivoire et s’est installé au Mali où il vivote en faisant de activités très louches. Et Ras Targui, un jeune policier touareg qui a officié pour un temps dans un camp djihadiste à Tombouctou au nord du Mali.

À travers l’enquête sur la jeune fille et les histoires personnelles des enquêteurs et des autres personnages, on assiste à un panorama des maux qui minent l’Afrique de l’ouest aujourd’hui.  Les régimes dictatoriaux, les crises sociopolitiques, le terrorisme islamiste, la radicalisation des jeunes, le sentiment anti-français, la corruption des mœurs… », a résumé l’auteur de l’ouvrage.

« La Poétesse de Dieu » est subdivisé en plusieurs chapitres. L’ouvrage est désormais disponible dans les rayons des librairies et sur les plateformes de vente en ligne des livres numériques. 24 euros en Occident et 15 000 CFA en Afrique.

Extrait du livre !

« Lors de la première rencontre entre elle et moi, deux ans plus tôt, j’étais encore enseignant. C’était à l’occasion de mon premier cours dans une classe de terminale d’un lycée privé. La classe était composée d’une cinquantaine d’élèves, plus de quarante garçons et à peine une dizaine de filles, qui ne m’accordèrent aucune importance quand j’entrai, concentrés sur leurs smartphones, certains ayant leurs perches à selfie levées, se prenant en photo pour alimenter Facebook et Instagram. Après avoir décliné, en guise de présentation, mon nom, Yao Aziawowovivina, et ma nationalité togolaise qui n’intéressèrent personne, ce qui ne m’étonna guère, ayant depuis longtemps compris que je traînais une nationalité qui ne dit grand-chose à personne, je décidai de passer aux choses sérieuses. Je demandai à mes interlocuteurs de me citer des écrivains africains qu’ils connaissaient. En guise de réponse, je reçus de gros éclats de rire montant de partout. (…) En fronçant la mine, je désignai l’un des rieurs assis au fond de la classe, un adolescent portant une boucle dans l’oreille droite et un pendentif en faux argent. Il se leva (…) et lança sans lever les yeux de son téléphone : « Le colonel Kadhafi était un écrivain africain. » La classe éclata de nouveau de rire. Dépassé, je me mis à ramasser mes affaires pour m’en aller définitivement (…).

Ce fut au moment où je jetais un regard torve sur mes persécuteurs, pour leur dire adieu, que je vis sa main levée. Longiligne, elle avait de grands yeux clairs, un teint noir luisant, et des fossettes bien creusées. Ses longs cheveux attachés en chignon étaient à moitié couverts d’un petit foulard noir. La coupe de sa tenue scolaire, une ample chemise de couleur bleu marine et une jupe noire lui arrivant aux chevilles, contrastait avec celle de ses camarades filles qui portaient toutes des corsages décolletés découvrant une grande partie de leurs seins et des mini-jupes aux formes rivalisant de fantaisie. Dans une dernière tentative de sauver mon honneur en lambeaux, je l’autorisai à parler, et elle se leva. « Wole Soyinka, Birago Diop, Mongo Beti, Alioum Fantouré, Aminata Sow Fall, Léonora Miano, Sami Tchak, Fatou Diome, Kamel Daoud, Ahmadou Kourouma. » Elle voulut se rasseoir mais interrompit son geste pour compléter sa liste : « Yambo Ouologuem. » Sous les regards de ses camarades la fixant comme si elle venait de débarquer d’une autre planète, elle s’assit, aussi gracieuse qu’elle s’était levée. Je sentis une profonde joie m’envahir subitement. Pas seulement devant le soulagement que m’avait apporté son intervention, mais aussi pour la justice qu’elle venait de rendre au dernier auteur cité, Yambo Ouologuem, ce virtuose précoce à qui les dieux de la littérature avaient concédé un éphémère triomphe, il y avait quatre décennies, avant de le précipiter, tel un damné, dans un dévastateur anonymat sur les falaises de son village natal, à quelques centaines de kilomètres de nous. Lorsque je me fus approché d’elle pour la regarder de près, je remarquai qu’elle avait posé à côté d’elle, sur son banc, trois livres : « Les Veillées du hameau près de Dikanka, Tome I » de Nokolaï Vassilievitch Gogol, « Eugène Onéguine » d’Alexandre Pouchkine, et « Les Frères Karamazov » de Fiodor Dostoïevski. Les cachets posés sur les livres montraient qu’elle les avait empruntés à l’Institut français. Je demandai son nom. « Alima Sallaye », répondit-elle en baissant les yeux ».

Biographie de l’auteur

De nationalité togolaise, Yao Mawuenya David Kpelly vit depuis 2008 au Mali où il est directeur des Études à l’Institut Supérieur de Technologies Appliquées et de Gestion de Bamako et enseignant de Management et Communication à l’Université Montplaisir de Tunis à Bamako.

Auteur de cinq recueils de nouvelles et de centaines d’articles publiés dans la presse et dans des blogs, il est lauréat du Prix littéraire France-Togo 2010 pour le manuscrit de son roman « L’Ange retrouvé », et du Prix de la Meilleure Nouvelle de langue française du Festival Plumes Francophones 2012 (Lomé 2012) pour la novelle « La prophétie de la belle-de-nuit » qui figure dans ce recueil.

Bibliographie

– L’Élu de la réforme, Nouvelles, Paris, Edilivre, 2009, 180 pages

– Le Fratricide de la réforme, Nouvelles, Paris, Edilivre, 2009, 192 pages

– Le Gigolo de la réforme, Nouvelles, Edilivre, Paris, 2009, 272 pages

– Apocalypse des Bouchers, Nouvelles, Edilivre, Paris, 2011, 208 pages

– Pour que dorme Anselme, Chroniques, Awoudy, Lomé, 2015, 80 pages

–  Le Général ne vit pas d’amour, Nouvelles, La Sahélienne, 2019 – 135 pages

Ouvrages collectifs

-Afriques, Panafrique (Collectif, avec Antoine Glazer,Rama Yade, Bernard Dadié, Sami Tchak…), Faber, Paris, 2017

– Palmes pour le Togo (Collectif, avec Sami Tchak, Kossi Efoui, Theo Ananissoh, Edem Awumey), Silex/Panafrica, Nouvelles du Sud, 2018

2 Commentaires

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Kofito
Kofito
March 17, 2022 7:50 pm

Ce garçon est vraiment bon. Depuis l’époque où il écrivait sur son blog, on sentait déjà un très beau style. Et il est politiquement très engagé par dessus tout. Bon vent à toi, frère David. Et reste aussi intègre comme tu l’as toujours été.

Edoh
March 18, 2022 5:42 am

Mr Kpelly, je lis avec interet le passage de ce roman, est-il plutot une autobiographie, fiction ou inspire de faits reels. Qu’importe, si j’aurais aime l’acteur de votre ouvrage d’origine autre que celui expose( je suis loin d’etre tribaliste), je souhaite toutefois savourer du tchouk ou du tchakpa un de ces jours quelque-part tout en feuilletant ces ouvrages dedicaces

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