Togo-La corruption tue plus que le terrorisme

Le régime togolais dépense des milliards de francs CFA pour lutter contre le terrorisme, un fléau détestable qu’il faut combattre énergiquement. Il instaure même l’état d’urgence pour avoir plus de latitude et disposer de plus de moyens d’action. Mais, il y a aussi un autre fléau, tout aussi méprisable, voire plus dangereux à l’échelle nationale pour la population togolaise que les dégâts causés par le terrorisme. C’est la corruption.

Le terrorisme est apparu au Nord du Togo en novembre 2021, elle a un an de désastre qui a fait des dizaines de victimes. De son côté, la corruption sévit depuis 2005, à la prise de pouvoir de Faure Gnassingbé, cela fait 17 ans. Qui peut comptabiliser avec exactitude le nombre de victimes engendré par la corruption ? Il est sans doute bien élevé.

17 ans que les secteurs de l’Education, de la Santé, des Infrastructures, de la justice, des Services sociaux de base et même de la Sécurité sont en décrépitude à cause de la corruption.

17 ans que les plans de développement se succèdent et sont tous anéantis à cause de la corruption.

17 ans que la jeunesse est privée d’opportunités et d’espérance, et que les investisseurs ne se bousculent pas au portillon du Togo, à cause de la corruption.
Le terrorisme tue quelques-uns des nôtres instantanément, en une nuit, et c’est déjà dramatique, insupportable et inadmissible. De surcroît, ceux qui sont supposés protéger le peuple, pratiquent eux-mêmes une corruption à grande échelle agissant comme un poison lent qui tue toute la population à petit feu.

Déjà en 2012, Faure Gnassingbé lui-même dénonçait ce fléau en déclarant : « une minorité accapare les richesses ». Belles paroles sans lendemain.
Le régime a organisé des conférences contre la corruption, il a créé la Cour des comptes, il a mis sur pied la Haute Autorité de Prévention et de Lutte Contre la Corruption et les Infractions Assimilées (HAPLUCIA). Que de la poudre aux yeux !
Toutes ces actions n’ont produit à ce jour aucun résultat significatif qui tendrait à contenir ce fléau grandissant. Bien au contraire, une impunité s’est installée, ostensiblement affichée. Elle opère insidieusement comme un indicateur d’encouragement à ceux qui détournent les fonds publics. Lorsqu’un événement trop flagrant devient embarrassant, on se contente de déplacer l’auteur, on le met en retrait quelques temps, le temps qu’on l’oublie, puis on lui redonne une nouvelle responsabilité. Et l’on fait taire ceux qui osent en parler. Circulez, y a rien voir !
Pourquoi prendre à bras-le-corps la lutte contre le terrorisme, pendant que l’on affiche une indifférence méprisable à l’égard de la corruption, un fléau plus dévastateur à l’échelle nationale ?

Est-ce parce que le terrorisme est un sujet attirant l’attention de la communauté internationale et qu’il faut donc faire bonne figure ?

Il est temps que le régime togolais cesse de se regarder dans le miroir de la communauté internationale pour s’atteler à travailler au bénéfice des Togolais.
La corruption est un sujet qui préoccupe considérablement la population togolaise, tout comme le terrorisme. Ceux qui exercent leurs responsabilités au grand jour en pratiquant la corruption qui tue les citoyens à petit feu, peuvent-ils s’estimer mieux que les terroristes qui surprennent dans la nuit et tire dans le dos de paisibles citoyens ?
Le chef de l’Etat en personne et sa Première ministre doivent sortir de la posture communicationnelle et se dresser sérieusement contre le fléau de la corruption, au moins autant qu’ils se battent contre le terrorisme. C’est leur devoir, c’est leur responsabilité. Qu’ils les assument !
Gamesu

Nathaniel Olympio
Président du Parti des Togolais

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