Accumuler les diplômes, avoir un cursus scolaire irréprochable, sortir des grandes universités et écoles. Mais pour quelle finalité surtout dans notre Afrique où on a tant de diplômés mais qui sont au chômage mais où le marché de l’emploi recherche des profils qu’il n’arrive pas à trouver?
L’histoire suivante n’est pas une fiction mais un fait vécu.
Robert est un camarade de parcours scolaire (inachevé) avec ma nièce que je nommerai Blessing qui a un cursus scolaire irréprochable. Du primaire jusqu’au collège ils étaient toujours ensemble et inséparables. Les deux familles de ces élèves se connaissent assez bien. Robert travaillait assez dur à l’école pour approcher les moyennes (notes) de ma nièce qui ma foi, a une intelligence indiscutable. En classe de troisième elle réussit son Brevet d’étude de premier cycle (BEPC) avec mention tandis que Robert n’a pas eu cette chance malgré ses efforts. Contrairement à Blessing qui est focus sur ses cahiers et livres même dans ses moments de vacances, Robert est un fin bricoleur qui touche à tout que ce soit en électricité, en jardinage, en mécanique, en menuiserie etc. Il avait ce don de réparer les petites pannes par-ci et par-là dans sa maison et bien entendu dans la maison de ma grande-soeur et dans le voisinage.
Avec des efforts inouïs, il finit par obtenir le BEPC tandis que ma nièce rentrait en classe de Première. En seconde, Robert échoue à nouveau et sa meilleure amie se retrouvait en terminale et y a obtenu son baccalauréat avec brio. Pendant ce temps, las, Robert abandonne les bancs et part au Ghana chez un de ses oncles où il entreprit l’apprentissage de l’électricité bâtiment. Alors que Blessing décroche sa licence dans la même dynamique, Robert est rentré d’Accra avec plein de connaissances en électricité bâtiment. Il entreprit de visiter chantier sur chantier pour décrocher des contrats et finit par s’imposer dans le secteur puisque la suite de ce récit sera plus édifiante.
Un an plus tard Blessing obtint sa maîtrise en droit des affaires. Depuis sa licence elle avait postulé un peu partout pour obtenir en vain un stage. Même après sa maîtrise c’était un parcours de combattant. Le seul stage qu’elle a réussi à décrocher en deux ans après BAC+3 et 4, elle n’avait même pas été payée durant 6 mois et a abandonné ne pouvant plus assumer le transport et le quotidien. Elle n’a pas non plus réussi au concours de recrutement dans la fonction publique. Résultat des courses, elle a perdu tout espoir et a commencé à aller à Attikpodji au grand marché avec sa maman qui est ma grande-soeur pour l’aider dans son commerce.
Robert dans le même temps ne connaît pas les mêmes soucis. Un an après son retour au bercail, il s’acheta un lopin de terrain d’un demi lot à Dagué pas loin de Lomé et alors que ma nièce cherchait désespérément des stages, Robert avait réussi à construire sa maison, s’acheta une voiture et poursuit sa carrière avec autant d’enthousiasme.
C’est lors d’un de mes séjours au Togo que j’ai retrouvé Robert que je ne reconnaissais plus que je fus mis au parfum de cette histoire que je partage aujourd’hui avec mes lecteurs.
Malgré tous mes efforts pour aider ma nièce à trouver un emploi digne de son diplôme, je n’ai réussi qu’à lui décrocher quelques menus fretins qui n’ont rien à voir avec ses connaissances et dans lesquels elle ne se sentait pas à l’aise. Finalement je lui ai conseillé avec l’aide de sa maman de prendre son courage à deux mains et de retourner apprendre un métier qui lui plairait et dont j’assumerai les charges. Elle a choisi la haute couture et le stylisme. Deux ans plus tard, elle obtint son diplôme et dans la foulée ouvrit son atelier dans lequel elle s’épanouit avec 6 apprentis, un demi lot de terrain à Gbodjomé et pour couronner le tout, un mari qui travaille en zone franche.
Ceci pour dire que le diplôme n’est pas forcément une panacée. Elle peut ouvrir certes des portes mais dans une Afrique qui cherche sa voie de développement, ce sésame avec un long parcours scolaire théorique ne répond pas au marché de l’emploi. L’Afrique et principalement le Togo pour l’instant foisonne de diplômés, mais des diplômes qui sont en déphasage avec le marché de l’emploi. On a tellement de licenciés en littérature, des jeunes qui ont des maîtrises en comptabilités, d‘historiens, de juristes, de diplômés en anglais, de sociologues, de géographes etc, mais notre pays manque cruellement d’informaticiens qualifiés, d’ingénieurs agronomes, de maçons qualifiés, d’électriciens à niveau (pas les bricoleurs), de mécaniciens irréprochables, d’ingénieurs civils, de chaudronniers, bref des métiers dans lesquels on trouvera de quoi subvenir à ses besoins, de quoi se construire un avenir si tant est que la volonté existe. Le Togo a besoin de transformer ses matières premières, son agriculture, d’avoir des infrastructures respectables, de maîtriser l’énergie solaire pour raccorder nos villes et hameaux reculés en électricité. Mais la main-d’oeuvre fait défaut de telle sorte que le pays a recours à des étrangers qui sont si chèrement payés. Dans l’agriculture les jeunes ont déserté le monde rural pour se retrouver dans les grandes villes parce que les pouvoirs publics n’ont pas donné de la valeur à un métier qui occupe 70% de notre population.
L’orientation scolaire doit devenir un impératif pour non seulement détecter les talents assez tôt et les orienter mais surtout pour dégrossir le marché du chômage. De nos jours faire de grandes études dans n’importe quel domaine ne pourrait plus servir. Il faut se connaître soi et aller vers ce qui peut libérer nos énergies, nous procurer un bien être et surtout de quoi vivre décemment. Ce récit concerne aussi les parents qui veulent mordicus que leurs enfants aient de grands diplômes comme ceux qu’on nous présentent sur les médias. Résultat des courses ils seront à nouveau vos charges alors que vous avez payé déjà un lourd tribut avec le financement de 18 voire 20 ans de scolarité.
J’ai encore dit…
Anani Sossou
Salut mon frere Anani
Les larmes nous viennent aux yeux en lisant cette histoire de ta niece qui n,est qu,un de plusieurs cas vivant en Afrique et plus particulierement au Togo.
Nous prions qu,un jour ta niece a l,instar des autres trouvent un travail qui la correspond.
Le noeux du probleme togolais , c,est la gourmamdise . Regarder tous ces ministres dans le gouvernement par example. beaucoup sont ceux qui ont plus qu,un emplois. Comment les autres arriveront a trouver du boulot si plusieurs postes sont occupes par une seule personne?
Plus encore, les vieux ne veulent pas quitter , ils veulent mourir comme leur dirigeant au pouvoir. Certains sont nes ministres et veulent mourrir ministres.
Quelle comedie !
Ridicule!
Un grand intellectuel a dit que ce sont les universitaires et les sortis de grandes écoles qui font un pays. Cette assertion est incontestable car pour faire un pays, il faut en premier lieu le penser et ce sont les têtes pensantes qui pensent.
Par ailleurs, les peuples qui réussissent sont ceux qui exigent de leur peuple qu’il fasse une école obligatoire avant de se tourner vers l’apprentissage.
Justement pour les systèmes scolaires qui s’orientent en partie vers les métiers, ils font en sorte qu’il y ait une passerelle. Cela veut tout simplement dire qu’après l’apprentissage, quelques années de travail, tu peux t’inscrire dans une haute école de ton domaine et avoir le même niveau d’études qu’un universitaire.
Que notre formation en Afrique soit inadaptée et forme plutôt des chômeurs est une chose. Qu’on démotive nos élèves à exceller dans les études est une vraie bêtise.
La solution est incontestablement la reforme de l’éducation qui combine pratique et théorie et qui donne l’opportunité à tous les apprenants d’atteindre le niveau le plus élevé de connaissance théorique dans la branche choisie.
On parle aujourd’hui de chômage après les études. On n’oublie que nos tailleurs et nos maçons aussi ne trouvent pas d’emploi et n’arrive pas à vivre de leur métier.
Conclusion: Ce n’est pas l’école ou l’apprentissage le problème. La question est la capacité des gouvernants à créer des emplois et aider les privés d’en créer.
De nos jours le plus grand diplôme qui ouvre la porte à tout c est bien la houe./ Après le BEPC mes sœurs et frères allez vous former dans un champ de maïs.seul métier qui garantit 3 repas par jour