25 C
Canada
Friday, March 29, 2024
Accueil ACTUALITES Revenir au pays oui, mais il faut créer les conditions

Revenir au pays oui, mais il faut créer les conditions

« Une vision qui ne s’accompagne pas d’actions n’est qu’un rêve » (Nelson Mandela)

« Le pays a besoin de vous !» Ce slogan ne suffit plus pour retenir dans nos pays les travailleurs jeunes et instruits qui, en quête d’une vie meilleure, préfèrent s’expatrier pour trouver des emplois beaucoup plus rémunérateurs. Un rapport du FMI précise que «les immigrés originaires d’Afrique subsaharienne dans les pays de l’OCDE pourraient passer d’environ 7 millions en 2013 à quelque 34 millions d’ici à 2050 ». C’est dire combien la fuite ou l’exode des cerveaux est un phénomène très prononcé et pénalisant pour les pays africains.

Au Togo, on ne dispose pas de statistique. Mais dans le domaine de santé publique par exemple, le président du Parti des Togolais Nathaniel Olympio révélait en 2020, qu’il y a plus de 200 Togolais médecins chirurgiens qualifiés qui exercent dans la ville de Lille en France alors que le Togo souffre d’un manque criard de personnel de santé. La principale raison, selon lui, c’est que le régime togolais leur refuse le minimum pour travailler. « Le Togo ne dispose que d’une oncologue médicale pour 8 millions d’habitants ! Sur tout le territoire national, aucun hôpital public ne dispose d’un simple scanner. C’est une peine de mort qui ne dit pas son nom », déplorait-il.

La semaine dernière, le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Professeur Majesté Ihou Wateba a publié un communiqué à l’endroit des étudiants togolais qui bénéficient d’une bourse du gouvernement pour des études à l’étranger, les invitant à signer « une fiche d’engagement à revenir servir au Togo à la fin de leur formation ».

Le ministre rappelle que « les bourses du gouvernement pour études à l’étranger et les bourses de coopération sont accordées aux étudiants togolais dans le souci de renforcer le tissu socioéconomique du pays en compétences nécessaires pour son développement ».

La décision du ministre n’est pas mauvaise en soi. Tout pays a besoin de ressources humaines de qualité, des compétences pour prendre en main son destin. Qui mieux que des citoyens patriotes pour le faire. Surtout quand l’Etat investit des moyens dans leur formation. Mais une chose est de revenir au pays, une autre est de trouver des emplois attractifs à leurs diplômes. Malheureusement, les conditions dans notre pays ne favorisent pas le retour des jeunes diplômés.

Les perspectives sont bouchées. Le Togo, faut-il le rappeler, demeure un des pays les plus pauvres au monde et continue à faire face à d’importants défis tant sur le plan économique que social. Il y à un manque de débouchés, d’issues, d’opportunités pour faire valoir les compétences au pays et vivre décemment. Le chômage frappe de plein fouet une proportion non négligeable de la population, même les autorités tentent de faire croire que notre pays aurait le tôt de chômage le plus bas dans la région ouest-africaine.

Pire qu’une prison, notre pays a perdu son souffle d’espérance et cela se voit aux nombres impressionnants de de jeunes Togolais qui jouent à la loterie visa chaque année et qui caressent le doux rêve de quitter définitivement le Togo. Dans ces conditions, c’est illusoire de demander aux jeunes qui diplomés à l’étranger de revenir au pays. Personne n’acceptera d’aller en enfer.

Médard AMETEPE

Source : Liberté

Subscribe
Notify of
guest
0 Comments
Inline Feedbacks
View all comments

Popular News

Togo-Yacoubou Moutawakilou, condamné à mort et exécuté pour son engagement pour le Togo

Depuis ce triste jour du 13 janvier 1963 où Sylvanius Olympio fut assassiné, tous ceux qui ont essayé d´affronter la dictature en se mettant sur son chemin, furent impitoyablement éliminés. La liste de tous ces martyrs, assassinés d´une façon ou d´une autre, est longue. Les nombreuses tentatives depuis le début des années ´90 pour humaniser le pouvoir d´état et le rendre aux Togolais, n´ont pas pu résister à la terreur militaire, seule légitimité de la dictature du père en fils.